Connaissant parfaitement l'Afrique australe, l'auteur se penche sur la délicate question angolaise, dressant un tableau très complet, historique, politique, économique, social de ce pays qui bénéficie, lui aussi, d'un capital de sympathie certain auprès des Occidentaux.
La complexité du dossier angolais
L’Angola est le théâtre d’une situation conflictuelle tragique qui trouve ses racines dans des problèmes ethniques. L’implication des deux grandes puissances dans ce point chaud du globe a donné une dimension internationale à la crise. L’intérêt pour cette zone en pleine turbulence s’explique à la fois par sa position géographique de première importance, en raison de sa façade maritime sur l’Atlantique Sud, et par ses potentialités économiques considérables, en particulier dans le domaine du pétrole. Tous ces facteurs confèrent à cette ancienne colonie portugaise un intérêt stratégique majeur. Cela fait comprendre les difficultés énormes qu’ont rencontrées les diplomates (nationaux et étrangers) pendant quinze années pour trouver une solution durable à la question angolaise. Toutes les discussions et toutes les analyses sur ce grand problème de l’Afrique australe doivent en effet prendre en compte des données complexes à caractère ethnique, historique, stratégico-économique, militaire et politique. L’étude du dossier angolais fait apparaître de nombreuses incertitudes sur l’avenir de ce pays déchiré par la guerre civile. Elle justifie les inquiétudes de beaucoup de spécialistes qui ne voient pas comment cet État pourrait se sortir du marasme, mais elle suscite aussi l’espoir de certains analystes dont l’optimisme s’appuie sur la volonté d’une partie de la communauté internationale de lancer un véritable plan de sauvetage à ce pays en détresse.
Données ethniques : l’inévitable « tripolarité »
Les antagonismes ethniques ont été déterminants dans le déclenchement de la crise angolaise. Les principales communautés qui constituent la mosaïque angolaise sont constituées par : le Ovimbundus (40 % de la population totale angolaise, implantés dans le centre du pays), les Kimbundus (20 % dans la région de Luanda), les Bakongos (15 % au nord-ouest), les Lundas (8 % au nord-est).
Les autres ethnies (une dizaine) constituent au total moins de 20 % de la population. Dans cette diversité humaine, les Lundas et les Bakonos sont les deux seuls groupes à avoir constitué des royaumes dans le passé. Après leur éclatement à la fin du siècle dernier, ils ont été dispersés dans les pays voisins. Ces deux groupes sont aujourd’hui minoritaires en Angola. À l’opposé, les Ovimbundus et les Kimbundus qui n’ont jamais connu une organisation de ce type, sont les plus nombreux et les seuls à être entièrement inclus dans le territoire angolais. Ainsi, on mesure dans l’histoire une source du conflit actuel : l’Angola ne trouve pas dans son passé d’éléments de cohésion sociale et politique. Les luttes qui opposaient autrefois les différentes ethnies resurgiront plus tard sous la forme d’un conflit idéologique aggravé par des problèmes de rivalités de personnes.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article