Aux actes de notre colloque sur l'Afrique australe, voici un article fort à propos sur l'armée de la république d'Afrique du Sud. L'auteur, docteur es lettres et sciences humaines, est un spécialiste de cette région. Les informations qu'il nous apporte nous permettent de comprendre le rôle majeur qu'a l'armée dans l'évolution actuelle de cette grande nation africaine.
L'armée sud-africaine
Les forces de défense de l’Afrique du Sud présentent, à bien des égards, un caractère original. Structurées selon un modèle britannique et équipées de matériels performants, elles ont été surtout formées pour combattre en ambiance de contre-guérilla. À l’instar des armées suisse et israélienne, elles font une large part aux réservistes. Le statut de puissance régionale de la RAS (république d’Afrique du Sud) a en outre incité les dirigeants de Pretoria à favoriser le développement d’une technologie nucléaire. Cette attitude a suscité de nombreuses incertitudes de la part des observateurs étrangers. Cependant l’influence de l’armée sud-africaine dépasse largement le cadre strictement militaire ; la position clé de cette institution dans la nation et l’essor de l’industrie d’armement ont en effet des incidences politiques et économiques sur la vie du pays.
L’évolution des menaces
La politique de défense de l’Afrique du Sud a été établie en fonction des menaces qui ont pesé sur le pays. Jusqu’à la fin des années 80, les forces armées sud-africaines ont été essentiellement engagées sur trois fronts :
— Les combattants de la Swapo (1) qui, à partir de leurs bases situées dans le Sud angolais, menaient des actions de guérilla contre les troupes sud-africaines installées dans le nord de la Namibie ; l’armée de la RAS a infligé de lourdes pertes aux maquisards namibiens à l’occasion du raid éclair sur Cassinga (mai 1978) et des opérations Protée (août 1981) et Askari (décembre 1983-janvier 1984).
— Les nationalistes de l’ANC (2) qui se livraient à des opérations de lutte armée à l’intérieur du territoire sud-africain. Pour contrer cette menace, les forces armées de Pretoria ont lancé jusqu’en 1986 des actions préventives contre les sanctuaires de l’ANC situés dans les États voisins ; les plus spectaculaires ont été réalisées à Matola dans la banlieue de Maputo au Mozambique (janvier 1981), à Maseru au Lesotho (décembre 1983), à Gaborone au Botswana (juin 1985) et simultanément dans les faubourgs de Lusaka en Zambie et de Harare au Zimbabwe (mai 1986).
— Les forces angolo-cubaines qui lancèrent jusqu’en 1988 de nombreuses opérations d’envergure visant à s’emparer de la zone contrôlée par l’Unita (3) dans le Sud-Est angolais. L’appui fourni par l’armée sud-africaine aux troupes de Jonas Savimbi a été à chaque fois déterminant pour arrêter les offensives. Toutefois, l’enlisement du conflit a provoqué vers la fin des années 90 une lassitude dans l’opinion sud-africaine.
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