Avec les bouleversements actuels, on n’évoque plus beaucoup la Somalie, qui a pourtant connu récemment des événements tragiques. L'auteur nous fait le bilan très complet de l’évolution politique de ce pays, de l’indépendance en 1960 à la mise en place de la dictature en 1969 et à la révolution de 1990-1991. Il semble bien que la Somalie, déjà classée dans les pays les plus pauvres du monde, soit encore loin d’être en mesure de résoudre ses difficultés.
L'évolution politique de la Somalie
Un événement tel que l’éclatement de la république démocratique de Somalie, survenu le 17 mai 1991, aurait sans doute, naguère encore, suscité davantage d’attention. On ne peut, en effet, qu’être frappé du fait que l’éditorialiste du Monde, consacrant le 23 mai un texte d’une centaine de lignes aux « modèles étatiques en péril », évoque le cas de la Somalie en sept lignes, la plupart de ses commentaires portant sur l’Union Soviétique, la Yougoslavie, l’Inde, l’Éthiopie, et, pour une allusion plus brève encore, sur le Soudan. Cette brièveté de l’analyse du cas somalien procédait sans doute de l’espoir, voire de la conviction, que quelque médiateur, par exemple l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ferait en sorte que soit rétabli en Somalie l’ordre régulier des institutions ; trois mois après l’événement, seul un accord de principe a été conclu dans ce sens.
Certes, on notera que, dans le monde arabe et africain, l’attention est attirée par d’autres foyers de graves troubles, et la corne de l’Afrique se trouve, depuis nombre d’années, si instable, que les événements qui l’affectent finissent par avoir moins de retentissement. Pourtant, le cas de la Somalie se trouve être, à de multiples égards, si exceptionnel, qu’il semble devoir bénéficier de quelque attention.
Cet État est né, on le sait, de la réunion de deux territoires jadis colonisés par des puissances occidentales différentes, la Grande-Bretagne et l’Italie. Ses populations avaient cependant conscience d’appartenir à la même souche africaine, il est vrai répandue également dans les pays d’alentour ; et ses élites s’avisaient désormais, de plus en plus clairement, que les divisions traditionnelles en clans, qui caractérisaient leur tissu social, remontaient à des époques révolues qu’il était désormais nécessaire, et possible, de dépasser.
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