Après avoir traversé une douloureuse période de guerre civile, l'Angola a entamé un processus de paix qui devrait aboutir cette année à des élections pluralistes sous contrôle international. La tâche de restructuration du système de défense incombe pour une large part à la France. Si elle réussit, notre coopération militaire renforcera beaucoup notre position dans l'ancienne colonie portugaise, pays aux énormes potentialités économiques. L'auteur nous informe sur les atouts et les difficultés de ce défi.
L'armée angolaise
Une tragique guerre civile vient de s’achever en Angola. Plongé dans une situation désastreuse, le pays doit maintenant entreprendre une longue et difficile tâche de reconstruction. Cette action concerne non seulement la remise sur pied de l’appareil économique, mais également la restauration des principales structures de l’État. Parmi celles-ci, le système de défense devra intégrer les disparités des différentes composantes de l’armée angolaise (en particulier MPLA et Unita) (1).
La détresse des forces armées du MPLA
Il semble difficile de dénombrer avec précision les effectifs militaires du MPLA en raison de la situation quasi anarchique qui règne dans le pays. Les spécialistes les évaluent à 100 000 hommes environ. À partir de 1975, année de l’indépendance et du début de la guerre civile en Angola, l’armée du MPLA a été presque exclusivement encadrée par des conseillers en provenance des ex-pays de l’Est et d’autres entités communistes. Sous la direction du Kremlin de l’époque, tous ces États ont opéré une véritable répartition des rôles au sein de l’armée angolaise. Les 1 500 coopérants soviétiques ont mis sur pied les structures rigides et fortement centralisées de l’appareil de défense ; ils ont aussi encadré les états-majors et fourni des techniciens pour assurer la maintenance des matériels sophistiqués de l’armée de terre, de la marine et de l’aviation. La plupart des spécialistes angolais (en particulier les pilotes d’aéronefs, les servants radar au sol et sur les bâtiments en mer) ont été instruits dans les écoles militaires soviétiques. Les plus hauts gradés ont suivi les cours des académies politico-militaires de l’ex-URSS.
Les 1 000 techniciens de l’ancienne RDA ont surtout pris en charge la formation idéologique (notamment par le biais des brigades de jeunesse), l’élaboration des réseaux de transmissions et la gestion du renseignement (avec l’aide de communistes portugais). Des dizaines de Bulgares et de Roumains ont concentré leur action sur le fonctionnement d’ateliers de réparation et l’entraînement des milices. Plusieurs centaines de Nord-Coréens et de Vietnamiens ont participé à la formation antiguérilla ; à partir du milieu des années 80, ces instructeurs commandos ont reçu le soutien de Soviétiques de retour d’Afghanistan. À tout cela, il convient d’ajouter les 50 000 Cubains qui ont protégé les points sensibles (postes de commandement, systèmes de défense antiaérienne, ports, importants nœuds de communications, installations pétrolières…). Les troupes de Fidel Castro ont aussi servi certains matériels spécifiques (pilotes d’avions, opérateurs de lance-missiles…). Elles ont été également engagées dans les nombreuses offensives de grande envergure planifiées par Moscou et visant à s’emparer du quartier général de l’Unita situé dans le Sud-Est angolais.
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