Politique et diplomatie - L'Allemagne change-t-elle ?
L’Allemagne renoue-t-elle avec ses vieux démons ? Alors qu’elle est encore aux prises avec son unification, la question, qui hante l’Europe depuis la fin du XIXe siècle, revient sur le devant de l’actualité. Le problème allemand reste toujours aussi difficile à aborder. L’analyse du présent est sans cesse brouillée par tel ou tel fait du passé. Il ne s’agit pas ici d’avancer des conclusions définitives, mais de tenter de clarifier les termes du débat.
À cet égard, l’un des paradoxes majeurs franco-allemands vient de ce que le rapprochement des deux pays, leur coopération, n’ont pas nécessairement développé leur connaissance mutuelle. L’approche française reste tiraillée entre l’inquiétude et l’idéalisation. Le dernier livre de Michel Albert, Capitalisme contre capitalisme (Seuil, 1991), oppose au capitalisme individualiste, anarchique des États-Unis et de la Grande-Bretagne, le capitalisme organique de l’Allemagne, qui devrait servir de modèle à l’Europe. Et si ce modèle n’existait pas ?… L’analyse de Michel Albert souligne l’interpénétration de l’industrie et de la banque, agissant ensemble avec une vision à long terme. Or une étude récente (1) met en cause cette représentation d’une cohésion entre la production et la finance. L’Allemagne ne serait qu’un pays industriel comme les autres.
Quatre faits massifs
Les rapports sociaux et donc internationaux sont essentiellement déterminés par des données massives. L’homme d’État, le diplomate, le guerrier, les manipulent avec plus ou moins d’intelligence, mais ne sauraient les escamoter. Aucun chef n’est en mesure de transformer un peuple de quelques millions d’hommes en une nation d’un milliard d’habitants ; de même, il ne peut changer la position géographique des États. En ce qui concerne l’Allemagne, quatre réalités sont là, et il ne sert à rien de les nier.
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