L’auteur relate les péripéties sur le théâtre d’opérations méditerranéen durant la Seconde Guerre mondiale de 1941 au printemps 1942. Il prend appui sur des sources riches essentiellement d’origine italienne, la pièce maîtresse étant « une documentation d’importance exceptionnelle pour l’histoire de la guerre » : le journal du maréchal Ugo Cavallero, chef d’état-major général de l’armée italienne fasciste. L’article met en exergue le caractère fondamental du contrôle de Malte et de l’approvisionnement en pétrole dans la victoire des Alliés en Méditerranée face aux forces italiennes et à l’Afrikakorps de Rommel.
« Malta et Nafta ». Comment l'Axe perdit la guerre en Méditerranée (I) Cavallero veut attaquer Malte
Le sort de la deuxième guerre mondiale s’est-il vraiment décidé entre la fin mai et la fin juin 1942, dans le bassin central de la Méditerranée ? D’aucuns l’ont soutenu et le soutiennent encore, surtout en Italie. D’autres font tomber en d’autres secteurs et sur d’autres dates, cette bissectrice (voir les reports à la fin de l’article) (1) du conflit, passé laquelle la défaite de l’Axe, devenue entre-temps le triangle Berlin-Rome-Tokyo, de possible qu’elle était est devenue probable, puis certaine : Londres, 15 septembre 1940, Moscou, 6 décembre 1941, Midway, 4 juin 1942, Alger, 8 novembre 1942, Stalingrad, 19 novembre 1942…
Quoi qu’il en soit, déclarons en commençant qu’il n’est pas d’une bonne méthode de prétendre à refaire l’histoire, au lendemain de l’événement. Nous n’imiterons pas les historiens militaires allemands de l’entre-deux guerres qui tentèrent à l’envi de nous imposer un corrigé de la bataille de la Marne. À les en croire, la maldonne du 9 septembre 1914 serait imputable à l’unique responsabilité du lieutenant-colonel Hentsch, dépêché par le fatal Moltke auprès des colonels-généraux von Klück et von Bülow. Nous ne saurions nous satisfaire d’une telle explication parce qu’elle fait abstraction de l’autre partie (Joffre, Foch, Franchet d’Espérey, Gallieni, Maunoury, etc.) et de ses interventions possibles. Certes les grands événements de l’histoire ressortissent à des ensembles de faits que l’on peut décomposer, pour ne considérer que des accidents particuliers : ce n’en est pas moins la convergence de ces faits en un moment donné qui assure leur fatalité. Autrement, nous nous trouverions acculés au paradoxe de Blaise Pascal sur le nez de Cléopâtre, dont nous savons qu’il est absurde.
Notre propos n’est pas de retomber dans ces errements. Reste, toutefois, que l’événement une fois obtenu, il n’est pas inutile à celui qui médite d’en démonter et d’en démontrer le mécanisme, désormais devenu inéluctable, ne serait-ce que pour déterminer le bien-fondé et la conséquence des appréciations, prévisions et décisions qui gouvernèrent son fonctionnement. Sous ce rapport la conduite qu’Adolf Hitler et Benito Mussolini cherchèrent à imprimer aux opérations dans le bassin de la Méditerranée, avant, pendant et après la bataille de Bir-Hakeim-Tobrouk, nous semble bien mériter quelques pages de commentaires, tant que les enseignements généraux qui se dégagent de ce dramatique épisode nous semblent lumineux, écartant toute discussion oiseuse et dominant toute polémique.
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