L'onde de choc en Asie
Nul ne sait, à vrai dire, combien de temps la désintégration de l’Union Soviétique et l’affaiblissement de la Russie vont créer un vide de puissance, sur 22 millions de kilomètres carrés de Saint-Pétersbourg à Vladivostok. Cette implosion gigantesque modifie les données de l’équilibre stratégique international en Asie comme ailleurs. Les incertitudes qui rendent aujourd’hui hasardeuse toute prévision de l’avenir russe à dix ou quinze ans jettent naturellement le même voile sur l’onde de choc qui part dans ces directions, est et sud. Les répercussions à moyen et à long terme de ce bouleversement sont donc difficiles à évaluer.
On prend la mesure du phénomène en se rappelant ce qu’étaient la place et le rôle de l’URSS sur le continent asiatique, il y a moins de dix ans, avant que Mikhaïl Gorbatchev ne vienne déclencher le séisme qui allait l’emporter. Tout ne s’est pas fait d’un coup. La paralysie de l’Union Soviétique était apparue progressivement, au contraire, au cours de la phase Gorbatchev de 1985 à 1991. L’effondrement du pouvoir central et du système économique a demandé plusieurs années. La détente en Asie accompagnant la détente Est-Ouest aboutissait déjà à des changements considérables préparant la suite. La dissolution de l’Union Soviétique est venue sceller cette évolution et en consolider la perspective.
L’URSS et l’Asie à l’époque de la « stagnation »
La politique brejnévienne de « sécurité collective en Asie » s’était nouée en un an, en 1978 et 1979. Elle devait figer les rapports de Moscou avec l’Asie-Pacifique jusqu’en 1986. En juin 1978, le Vietnam était entré au Comecon, le « marché commun » inféodé à l’URSS, et il avait signé (en novembre) le traité d’amitié et d’alliance liant Moscou aux pays de son camp. En décembre de la même année et en janvier suivant, les Vietnamiens occupaient le Cambodge, appuyés par l’aide économique et militaire de Moscou.
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