L'auteur, commandant l’École supérieure de guerre navale, et qui avait déjà écrit dans notre revue sous la signature de Nicolas Polystratu, prépare un ouvrage de réflexion sur la stratégie, domaine auquel il s’est toujours beaucoup intéressé. Cet article, résumé d’un des chapitres de son livre, élève quelque peu le débat sur un thème bien souvent galvaudé.
Des principes de la guerre
Règles, procédés, principes, préceptes…, tous ces termes ont roulé et roulent encore dans les souvenirs ou les conseils de beaucoup de chefs militaires, avec une préférence marquée pour l’expression « principes de la guerre ». Assez curieusement toutefois, au milieu de cette confusion sémantique, on ne voit nulle part s’affirmer des « principes de la stratégie », quelques rares audacieux ayant seulement traité de principes stratégiques. C’est une nuance intéressante car elle indique la dissonance entre la stratégie, domaine du sens global fondé sur l’intelligence et l’inspiration de l’action, et la guerre, domaine de l’action elle-même, visant à accomplir les fins du projet politique de façon « militaire ». Si le Koweït en a été la dernière illustration, il est bon aujourd’hui plus que jamais de regarder d’un peu plus près ce qui se cache sous le terme général de principes de la guerre.
Principes et procédés
On ne peut manquer d’être frappé par la diversité affichée de ces principes, qui vont selon les auteurs de trois (Foch) à dix (Naval War Manual, Grande-Bretagne), qui sont précisément décrits (Souvorov, Field Manual, États-Unis) ou seulement suggérés (Sun Tse, Hitler). En même temps, derrière cette diversité apparaît clairement que dans la quasi-totalité des cas, il s’agit beaucoup plus de manières d’agir ou de procédés que de principes, en fait inexistants, sauf sous forme de vagues préceptes généraux.
Seul Castex tente une clarification des mots principe et procédé tout en se méfiant considérablement du « principe du principe ». Du tome I de ses théories stratégiques jusqu’au tome VI, paru en fait sous le titre Mélanges stratégiques dans une édition très limitée propre à la marine française, il ne cesse de s’interroger sur les rapports du principe et du procédé, mais sans savoir qui est le premier et s’il y a vraiment, une différence de nature entre les deux. La question est loin d’être inutile. Le principe permet de cerner une posture intellectuelle, une attitude, une façon d’être, alors que le procédé a pour but la recherche d’un effet. De natures différentes, ils sont en même temps si étroitement liés que seuls ils ne signifient rien. Un principe seul n’a pas de sens, l’action pure non plus dans le monde antagoniste des humains, d’où la faiblesse de l’argumentation de ceux qui ont imaginé qu’au début de tout il y avait l’action ! Un des plus lucides sur ce point est Trotsky.
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