Quelles nouvelles menaces, quelles ripostes, quelle dissuasion ?
Tout d’abord, quelles sont ces nouvelles menaces ? La Russie, qui peut évoluer de différentes manières, peut-elle en représenter une ? À court terme, la disparition quasi totale des menaces que faisait peser, tant sur le plan militaire que politique, l’Union Soviétique est un fait objectif. Il faut néanmoins noter que la capacité nucléaire de la Russie reste considérable, mais c’est aussi un fait que la marine est en état de désorganisation, que les instituts de recherche ne sont plus en état de fonctionnement comme auparavant, faute notamment de dotations budgétaires suffisantes. Il convient donc de constamment réévaluer la menace, aussi bien d’un point de vue technologique que politico-stratégique. Il nous faut éviter de nous protéger insuffisamment, mais aussi de surestimer les capacités de la partie adverse. Se forger une cuirasse principalement contre une menace qui peut-être n’existe pas reviendrait à nous priver d’une protection nécessaire ailleurs.
Ce qui s’est passé depuis quelques années en Union Soviétique puis en Russie a considérablement valorisé notre force nucléaire stratégique sous-marine, parce que la capacité de la neutraliser a été très retardée par l’évolution générale du potentiel russe.
En ce qui concerne maintenant la menace traditionnelle, toujours à court terme, on peut craindre la résurgence nationaliste d’un État autoritaire, non plus totalitaire, qui se reconstruirait de façon unitaire, et comme la puissance militaire est celle qui se maintient le mieux, il est évident que ce nouvel État aurait tendance à s’en servir. Une telle Russie nationaliste représenterait-elle une menace pour nous ? Non pour nos intérêts vitaux : une Russie nationaliste qui aura comme préoccupation essentielle la reconstitution de son empire n’aurait aucun intérêt à menacer l’Europe occidentale. En revanche, on ne saurait négliger la volonté de reconstituer l’empire. Celle-ci pourrait se faire selon un mécanisme intéressant et que j’appelle la « sanctuarisation agressive ». Cela signifie que le nouvel État devra être « supersanctuarisé », même vis-à-vis des États-Unis, et c’est à l’abri de cette sanctuarisation qu’un régime russe nationaliste pourrait se permettre d’envahir les pays Baltes, l’Ukraine ou le Kazakhstan, afin de reconstituer l’empire, ce qui risque fort de nous poser des problèmes. Or, la réponse est loin d’être évidente.
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