Dans un long article très documenté, l'auteur présente la situation de ce pays déchiré et exsangue qu'est le Soudan. Ce texte est en quelque sorte une mise à jour bienvenue de celui qu'il avait écrit sur ce même sujet en février 1989.
Le Soudan sous sa quatrième dictature
Depuis le 30 juin 1989, le Soudan, qui pouvait alors être décrit ici même comme « en laborieuse recherche de solutions politiques » (1), se trouve de nouveau sous l’autorité d’une dictature militaire. Indépendant depuis le 1er janvier 1956, ce pays aura connu, durant ce tiers de siècle, quatre coups d’État militaires.
Le général Ibrahim Abboud, par la suite maréchal, s’empare du pouvoir dès novembre 1958 ; la pression populaire, manifestée surtout par la jeunesse étudiante, l’oblige, en octobre 1964, à y renoncer. C’est au tour du colonel, futur maréchal lui aussi, Gaafar an Nimeïri, de s’imposer le 25 mai 1969 et jusqu’au 6 avril 1985. À cette date, intervient un mouvement populaire très large dans lequel les militaires prennent, avec le général Sewar ad Dahab, une part prépondérante, puis se retirent, un an plus tard, en faveur d’un essai de retour à un régime démocratique.
Si l’on rappelle que le général Nimeïri lui-même, peut-être impressionné à l’époque par l’incessante répétition des complots, avait en 1978 envisagé un relatif effacement derrière une « union nationale », on esquissera peut-être l’hypothèse d’une tendance des militaires soudanais à considérer comme provisoire leur exercice du pouvoir, qu’ils présentent initialement comme une exigence de salut public. Toutefois, la conjoncture a, ces dernières années, évolué au Soudan de telle manière que, si l’actuelle dictature militaire devait prochainement s’effacer, ce ne serait nullement un régime parlementaire qui aurait une chance de s’instaurer à Khartoum, mais bien plutôt une autorité islamique inspirée par les Frères musulmans.
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