La région du Pacifique constitue un ensemble économique, rivalisant d'importance avec la Communauté économique européenne (CEE) et le monde nord-américain. Quelles que soient l'aire géographique et les structures de coopération, les États européens doivent observer attentivement l'évolution de cette zone, la plus dynamique du monde. Ils doivent le faire dans des conditions comparables à celles qu'ils ont octroyées à Bruxelles aux riverains du Pacifique : le principe de réciprocité et le rôle de l'Europe dans le développement de ce bassin justifient ce réajustement. C'est la thèse de l'auteur.
Le Pacifique à l'horizon 2000
Un ensemble régional est en formation : celui du bassin du Pacifique. Si nul ne peut en prévoir les contours et les structures, cet ensemble intégré s’affirme. Économiquement, à l’intérieur les échanges augmentent entre les pays membres, tandis qu’avec l’extérieur les relations se multiplient ; ses sociétés prennent une part croissante des marchés de la planète. Politiquement, par contre, sur l’échiquier diplomatique, son rôle demeure marginal ; ses élites en sont conscientes et elles le ressentent.
Ce décalage, joint à l’hétérogénéité de la zone et à l’existence de tensions locales, contribue à faire sous-estimer la montée en puissance de l’Asie-Pacifique. Nos princes devraient se souvenir que la prépondérance de l’Europe – et de ses deux projections en Eurasie et dans les Amériques – n’est pas si ancienne. À aucun continent, à aucune race, n’a été faite une promesse de pérennité, si les mœurs et la volonté viennent à se relâcher. La découverte d’un nouveau monde, ou plus encore la renaissance d’un autre continent, peut tout remettre en question.
Les composants de la puissance des nations évoluent. À l’époque de l’économie mondiale sans frontières (parmi les cent premières économies de la planète figurent cinquante-trois États et quarante-sept multinationales), le Japon par ses compagnies opérant hors de ses rivages, n’est pas simplement une locomotive, mais également une figure de proue. Ce pays annonce le retour de l’Asie, tout en demeurant, pour le moment, une puissance secondaire dans le « grand jeu » dont les règles furent définies par les seuls Occidentaux, mais où il a néanmoins conquis de haute lutte un rôle essentiel dans les domaines de l’économie, des finances, de l’information et en recherche et développement, sans oublier ceux de l’organisation, de la cohésion sociale et de l’éducation. Dans l’Asie nouvelle, derrière le Japon se pressent d’autres prétendants ; ils ont également, comme garants de leur avenir, leurs lettres de noblesse : leur antique civilisation. Parallèlement et à l’exemple des grands « ensembles intégrés » de dimensions continentales, plus ou moins structurés, se constituant en Europe ou aspirant à le faire en Amérique septentrionale, les pays du bassin du Pacifique perfectionnent leur coopération.
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