Après l’article de Jean-François Coustillière sur la constitution d’une force aéronavale d’intervention européenne, cet article est particulièrement bienvenu, puisqu’il évoque une activité opérationnelle commune possible des porte-avions européens, c’est-à-dire britanniques, espagnol, français et italien. L’auteur est tout spécialement compétent pour aborder ce sujet : pilote d’aviation embarquée, il a notamment commandé le Foch puis le groupe des porte-avions.
Les porte-avions de l'Europe occidentale
Avec l’examen du budget par l’Assemblée nationale, se pose une fois de plus la question de nos porte-avions et, plus précisément, celle du choix de la « filière » Charles de Gaulle, c’est-à-dire d’un porte-avions classique, avec piste oblique et catapultes, plutôt que la « filière » britannique avec porte-avions à tremplin et avions à décollage court et appontage vertical.
Il est possible que si la France — disons, la marine — avait, en son temps, choisi le PH 75, elle serait aujourd’hui engagée dans la « filière » porte-aéronefs, avec des avions embarqués à décollage court et atterrissage vertical. C’est possible, mais cela reste à prouver. Remarquons que ce bâtiment était, à l’origine, destiné à remplacer l’Arromanches, qui ne naviguait déjà plus depuis 1972. Compte tenu de la faille temporelle, on envisagea qu’il pourrait remplacer le Clemenceau, dont la durée de vie avait été initialement fixée à 25 ans, soit une fin de service en 1986.
La question qui se pose est celle de savoir à quelle date ce PH 75 serait entré en service. Aurait-il bien remplacé l’Arromanches, malgré le « trou » entre les deux bâtiments ? La réponse est négative pour deux raisons. La première est que, la marine ayant vécu avec seulement deux porte-avions pendant plusieurs années, il aurait été difficile de justifier un tel accroissement de notre puissance aéronavale. La seconde est que les autorités — c’est-à-dire le ministre… et au-dessus — avaient déjà accepté qu’il n’y ait que deux porte-avions en service. La marine avait démontré que si on voulait pouvoir disposer à coup sûr d’un porte-avions, il fallait en avoir trois. Elle avait tout aussi bien démontré que, avec seulement deux de ces bâtiments, elle garantissait la disponibilité d’au moins un porte-avions pendant 95 % du temps. Que se passa-t-il ? Les autorités acceptèrent ce risque calculé de 5 % et passèrent contrat avec la marine pour qu’il soit ainsi honoré. Ce que fit celle-ci, au prix, parfois, de contorsions certaines.
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