Après avoir fait l’étude du Conseil de coopération nord-atlantique dans notre numéro de juillet, l'auteur, attaché de recherche à l’Institut européen de recherche et d’information sur la paix et la sécurité à Bruxelles, aborde ce sujet sur lequel plane un doute quantitatif : le retrait des troupes américaines d’Europe et la fermeture ou la réduction des activités de certaines bases et installations militaires.
La fermeture d'installations militaires américaines en Europe
Il semble aujourd’hui que la guerre du Golfe n’ait pas fondamentalement changé la tendance générale à la diminution du budget de la défense des États-Unis. Le mouvement réformiste accepté par le secrétaire à la Défense Dick Cheney sous la pression du Congrès se confirme, et le budget militaire pour l’année 1992 est en diminution de 3 % par rapport au précédent, qui déjà avait été réduit suite aux propositions de l’Administration. Les débats à propos du budget américain 1993 ont abouti au compromis de 274,3 milliards de dollars, inférieur de 5,7 milliards à la proposition de l’Administration Bush. Cette modération s’explique par l’échéance électorale et une reprise économique qui se fait attendre, ce qui impose de ne pas trop pénaliser les entreprises privées de la défense pour l’instant. Cependant, il est probable que la future embellie économique aura pour conséquence d’augmenter les réductions des dépenses militaires, les entreprises américaines pouvant réorienter et diversifier davantage leurs produits au profit d’une consommation à la hausse provenant des secteurs civils.
Globalement, le programme Bush prévoit entre 1992 et 1997 une réduction des dépenses de 18,4 %. Entre 1985 et 1997, aura été réalisée une réduction des dépenses de défense de 24,3 % et de 34 % en autorisations d’engagement (1). Le Pentagone travaille actuellement sur la réduction et la restructuration de ses forces armées par la constitution prochaine d’une marine passant de 545 à 451 navires de combat, une armée de terre composée de 18 divisions (dont 12 actives) à la place de 28, et une force aérienne disposant de 26 escadres tactiques au lieu des 36 prévues précédemment, tandis que l’effectif total sera réduit de 2 174 000 hommes en 1987 à 1 626 000 en 1997.
Avec les contraintes imposées par les traités FNI, FCE 1 et Start dans le futur, ainsi que le désarmement unilatéral des systèmes nucléaires à très courte portée, avec l’évolution vers une stabilité des relations entre la Russie et l’Otan et la crise économique et monétaire, il devenait inévitable d’assister à une restructuration assez importante des états-majors et forces armées américains, des dispositifs et bases militaires, des processus d’achat et de contrôle de qualité des matériels commandés aux firmes privées. Cette mutation de l’appareil de défense américain va affecter principalement le déploiement des forces militaires à l’étranger, impliquant à la fois une réduction des effectifs et la fermeture de bases et installations, ou, dans certains cas, la simple diminution des activités sur place. Parallèlement aux réductions des arsenaux, on va assister à une rétraction du dispositif américain afin de limiter le coût des déploiements matériels et humains outre-mer.
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