Le déclin de l'aviation tactique
Interrogé en septembre 1952 sur les possibilités de réduction des objectifs fixés à Lisbonne, à une époque où l’on n’avait peut-être pas tenu un compte suffisant des armes atomiques tactiques, des bombardiers lourds transsoniques à voilure en delta et autres nouveautés destinées à économiser le fantassin, le général Gruenther, chef d’état-major du S. H. A. P. E., répondait : « La leçon de la guerre de Corée, c’est le triomphe de l’infanterie ; les communistes ont tenu sans avions pendant deux ans en dépit de notre écrasante supériorité aérienne. »
À l’époque où les divisions américaines refluaient vers Fusan, nous avions fait quelques réserves sur la puissance que certains attribuaient à l’aviation tactique, et que les événements ne confirmaient guère. Jugement prématuré, répondit-on. L’appui aérien était affaire de nombre d’avions par kilomètre de front ou par division engagée. En août 1950, il n’atteignait pas, en Corée, le chiffre exigé par les règles du printemps 1945. Pour peu qu’on eût la patience d’attendre, l’avion ferait à nouveau ses preuves.
Deux ans et demi sont passés. Qu’on rapporte le nombre des avions des Nations Unies à l’étendue du secteur ou à l’effectif des troupes en ligne, jamais armée n’a disposé d’un pareil appui aérien. Au surplus, si son renforcement avait quelques chances d’enlever la décision, il ne tient qu’au commandement américain de doubler ou de tripler le nombre des unités aériennes engagées. S’il s’en abstient, n’est-ce pas simplement pour ne pas étaler davantage leur impuissance ?
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