Dans cette dernière décennie du siècle, alors que les missions et le volume de nos forces armées nécessitent des définitions précises compte tenu de tous les changements intervenus, l'auteur, général d’armée (CR) et gouverneur des Invalides, ancien Chef d’état-major des armées (Céma), nous fait part de ses réflexions sur le type d’armée qu’il estime indispensable à notre pays et à son rôle sur la scène internationale.
Armée de métier ou armée mixte ?
Traiter de la composition, du recrutement, de la formation et de la gestion des personnels destinés aux forces armées de la France exige de faire auparavant un certain nombre de présuppositions concernant la défense militaire de notre pays et surtout d’inscrire celles-ci dans une perspective assez large, disons de l’ordre de la vingtaine d’années. Un débat auquel j’ai assisté récemment (1) m’a conduit à relever chez les intervenants qui m’ont précédé un large consensus sur quelques points essentiels.
Dans le domaine des risques j’ai retenu :
1. la certitude qu’un parc important d’armes nucléaires stratégiques demeurera encore longtemps en Russie, voire en Ukraine et au Kazakhstan, et la forte probabilité du maintien de puissantes forces armées classiques disposant de moyens nucléaires de théâtre dans ces trois républiques issues de l’ex-Union Soviétique ;
2. la forte probabilité de voir se multiplier, surtout si l’on n’y prend pas garde, les guerres civiles ou interétatiques dues aux poussées nationalistes, ethniques ou religieuses dans l’Est européen ainsi qu’au sud-est et au sud de l’Europe ;
3. une probabilité non moins forte de constater une prolifération des armements classiques et non classiques dans certains pays au sud-est et au sud de l’Europe ;
4. un développement de situations anarchiques dans certains pays, en particulier en Afrique noire ;
5. une possible résurgence des risques terroristes d’origines diverses allant de pair avec une vulnérabilité accrue des sociétés occidentales à ce type de menace.
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