Libre opinion - Pro domo
Dans son livre La paix et la guerre (1), le général Jean Salvan parle de mon aveuglement. C’est La guerre est morte (2) ouvrage au titre explicite, qui motive ce jugement. Moi qui me croyais petit roi des aveugles, me voici rabaissé au niveau de mes médiocres sujets ! Toutefois, la déchéance peut être salutaire si elle oblige à soumettre la théorie de la guerre morte à l’épreuve du temps. On me fera pourtant l’amitié de croire que je n’ai pas attendu, pour me livrer à cet examen, la rude apostrophe de mon camarade (3).
Je conviens que La guerre est morte n’est pas à mettre entre toutes les mains et que les mains militaires n’y doivent toucher qu’avec beaucoup de précautions, la première étant une lecture attentive et complète. Pourtant le livre se termine (comme le suivant) sur une exhortation à la vigilance que l’on aurait tort de tenir pour simple politesse ou remords tardif : la capacité militaire des nations riches et pacifiques n’est pas le moins puissant des facteurs bellicides. On l’a bien vu dans la confrontation nucléaire Est-Ouest et son heureux aboutissement ; on le voit, mais a contrario cette fois, dans la guerre civile yougoslave. Cela étant posé, il serait décevant qu’un dialogue socratique entre deux généraux bien intentionnés n’aboutisse pas à un large accord. Pour y conduire, rappelons quelques constatations.
L’arme nucléaire a rendu, entre les nations qui la possèdent, la guerre absurde : affaire entendue ! Que l’existence de l’arme nucléaire tende, de surcroît, à discréditer la guerre classique et à rendre circonspectes même les nations qui ne possèdent pas la bombe est une extrapolation raisonnable.
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