L'auteur, ancien commandant de l'École interarmées du renseignement et des études linguistiques (Eirel), est actuellement directeur de l'Institut d'étude et de stratégie de l'intelligence économique, département de la Société française de stratégie et de conseil. Ainsi avoir traité du concept d'intelligence économique et de son application au Japon, en Allemagne et aux États-Unis dans notre livraison de décembre 1993, il présente dans cette seconde partie, un modèle souhaitable pour notre pays dans le domaine de l’intelligence économique.
L'« intelligence économique » : pour un modèle français
Avec la fin de l’URSS et la modification profonde des enjeux stratégiques, la France, plus encore que d’autres pays, se voit contrainte de redéfinir ses priorités. En matière d’information, les préoccupations économiques et technologiques deviennent aussi importantes que les militaires et les politiques : c’est l’occasion d’améliorer un système d’acquisition, de traitement et de diffusion des connaissances jugé peu performant ; aussi la formulation du concept d’intelligence économique vient-il à point pour répondre aux besoins vastes et urgents de notre pays en ce domaine.
L’examen du dispositif national réserve peu de surprises : on croirait voir la carte des chemins de fer, tous les organismes officiels d’information (ministères, secrétariats, services, agences) convergent vers l’administration centrale parisienne, tandis que font défaut les voies de communication transversales ! On a donc un système parfaitement centralisé, destiné au seul État — c’est sa fonction —, mais sans souplesse interne et surtout sans canaux naturels vers les entreprises qui, pourtant, sont le terreau dont vit l’ensemble.
Une autre représentation élargie à la totalité des sources publiques et privées — il y en a beaucoup — montre un dispositif éclaté dans lequel le seul lien fort unit l’État et les entreprises nationalisées, chacune des autres parties prenantes (collectivités territoriales, grandes entreprises, PME-PMI, banques, syndicats) communiquant peu, ou mal, ou pas, avec les autres partenaires de la vie économique.
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