À son rythme actuel d’accroissement, l’Afrique du Nord, dont la population paraissait stabilisée vers 1900 à moins de 10 millions d’habitants comptera plus de 60 millions d’âmes avant la fin du siècle.

C’est là un des traits les plus caractéristiques de l’évolution nord-africaine. Il dépasse, croyons-nous, en importance, le problème de pure politique.

À l’inverse de celui-ci, le fait démographique ne se prête pas aux manipulations subtiles, mais requiert de vraies solutions. Il se pose en termes concrets. Il n’a que faire des dialecticiens. Il s’agit avant tout de procurer à une population exceptionnellement prolifique sa nourriture. Il s’agit également de peser les chances d’unification de cette population formée de nombreux éléments hétérogènes. Les implications politiques de ces deux aspects fondamentaux du problème démographique ne laissent pas oublier que ce qu’il faut, au départ, pour le résoudre, ce sont des ingénieurs, des agronomes, des administrateurs intègres, des gouverneurs lucides et fermes sachant faire respecter l’ordre public et prouver que la notion d’équité n’est pas seulement un mot. Et l’exemple de Lyautey peut rappeler que cela n’est pas domaine du rêve.