Parmi les livres - Le rude chemin d'Allah
Alors qu’on parle tant du jihâd, que les experts discutent de ce que recouvre ce vocable ambigu, qu’on le voit partout à l’œuvre et d’abord en Algérie, que nous en craignons pour nous-mêmes la menace, il est surprenant de constater qu’il n’y a guère d’ouvrages, en France, qui soient exclusivement consacrés à ce sujet brûlant. Un livre considérable d’Alfred Morabia (1) est venu combler ce vide et il faut se jeter sur l’ouvrage comme sur une gourmandise. Celle-ci est un peu lourde sans doute, puisque ce « millefeuille » en comporte 567 ; mais près de 220 sont des appendices, notes précieuses qui permettent à l’auteur d’alléger son texte. Une préface de Roger Arnaldez, membre de l’Institut, présente le livre, à la fois ouvrage de référence et passionnante exploration d’une vaste jungle.
L’auteur a pourtant limité sa recherche à « l’âge classique », qu’il clôt à la fin du XIe siècle. Ce choix, qui exclut les croisades et coïncide avec la relève prise dans le combat pour Dieu par les non-Arabes, Kurdes, Turcs et Berbères, circonscrit l’essentiel et des faits et des doctrines, et permet de comprendre les bases solides d’un concept qui reste aujourd’hui largement valide. L’objectivité du propos est remarquable, et méritoire en une matière où bienveillance et malveillance brouillent alternativement les regards.
Morabia est historien, mais l’histoire qu’il nous raconte est autant celle des idées que celle des faits. La place qu’au fil des siècles a occupée le jihâd dans l’élaboration progressive du droit et dans l’imaginaire des musulmans compte autant pour l’auteur que la pratique fondatrice du Prophète.
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