De retour d'un voyage d'étude au Vietnam, l'auteur a découvert un pays en pleine mutation qui, après l'échec patent du communisme, a entrepris un changement radical de sa politique économique, notamment en s'ouvrent au monde extérieur. Le processus de développement est cependant entravé par de nombreux obstacles. Toutefois, certains événements récents et le dynamisme particulier de la population laissent apparaître une lueur d'espoir. Ce nouveau souffle est susceptible de sortir du marasme ce pays du Sud-Est asiatique avec lequel la France possède des liens, historiques et affectifs, très forts.
Viêt-nam : passeport pour l'espoir
L’abandon de certains grands dogmes marxistes (notamment économiques), le rapprochement avec les pays occidentaux, en particulier avec les États-Unis, et l’intégration récente dans la plus performante organisation régionale de l’Asie, l’Ansea, ont permis au Viêt-nam de sortir de son isolement international. Le réveil de cette nation meurtrie a déclenché une étonnante dynamique de redressement qui a déjà obtenu des résultats encourageants. La sortie complète de l’abîme risque toutefois d’être délicate, en raison des ravages considérables qui ont décimé la péninsule Indochinoise, marquée pour longtemps par le sceau d’une histoire particulièrement bouleversante.
La sortie de l’enfer
Le gouffre
La prise de Saigon (rebaptisée Hô Chi Minh-Ville) le 30 avril 1975 a consacré la victoire du Nord sur le Sud-Viêt-nam et la défaite des États-Unis qui n’ont pu empêcher l’instauration du communisme dans toute la péninsule Indochinoise. Les dirigeants d’Hanoi ont gagné la bataille militaire, mais le pays, officiellement réunifié dans un carcan idéologique particulièrement dévastateur, va perdre la guerre économique. La nouvelle politique de collectivisation des terres désorganise alors le monde paysan et fait chuter la production des principales récoltes. Pour la première fois de son histoire, le Viêt-nam, pourtant l’un des principaux fournisseurs de riz de la planète, devient importateur de cette denrée qui constitue la nourriture de base de sa population. La faillite des entreprises d’État, qui ont remplacé dans la précipitation les sociétés privées, accentue le désastre économique. Par ailleurs, l’installation d’une bureaucratie de type soviétique anéantit toute initiative et paralyse l’action des entrepreneurs. En particulier, les infrastructures (routes, bâtiments…) sont livrées à l’abandon et s’enfoncent dans un état de délabrement pitoyable. Une misère épouvantable gagne tout le territoire et provoque l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de tous les temps. Entre 1975 et 1985, les spécialistes estiment que plus de trois millions de Vietnamiens (5 % de la population) ont quitté leur pays. Parmi ceux-ci, le HCR a recensé un million de boat people dont la fuite par la mer dans des conditions tragiques a soulevé l’indignation générale. À ce tableau effrayant, il faut ajouter les centaines de milliers de Sud-Vietnamiens qui ont été envoyés dans les camps de rééducation. En outre, l’effondrement du « grand frère soviétique », qui était devenu le partenaire majeur de Hanoi, et la désintégration du Comecom, qui constituait pratiquement le seul marché extérieur du pays, ont aggravé le marasme.
Vent d’Est, vent d’Ouest
En une décennie, le communisme a ainsi complètement ruiné le Viêt-nam. Conscients de l’ampleur du désastre et totalement isolés sur la scène internationale, les dirigeants d’Hanoi ont été alors contraints de changer leur ligne politique à la fin des années 80 et de mettre en œuvre un processus de redressement du pays connu sous le vocable de doi moi. En un temps record, la plupart des théories marxistes, qui se sont révélées totalement inefficaces et surtout complètement inadaptées à la mentalité vietnamienne, sont jetées dans les poubelles de l’histoire : un vent d’Ouest bienfaiteur balaye un vent d’Est à l’agonie. Le gouvernement autorise les investissements étrangers, encourage la création d’entreprises privées et prend des mesures stimulantes en faveur des paysans. Dorénavant intéressés à la productivité, les agriculteurs reçoivent alors plus de terres et peuvent vendre les surplus sur le marché.
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