1996 : une année vitale pour l'Europe
L’année qui vient de s’achever nous donne peut-être l’espoir d’un dénouement proche de la crise yougoslave, la plus grave que l’Europe ait connue sur son sol depuis la fin de la guerre froide. Certes, la probabilité de conclure à court terme un règlement négocié, équitable et viable, reste encore faible, mais les pourparlers engagés permettent enfin d’envisager une coexistence normalisée entre les différentes ethnies.
Cette tragédie, qui aurait pu une nouvelle fois embraser notre continent, montre les limites des institutions internationales actuelles et la totale inadéquation de la politique de sécurité et de défense des Européens face aux bouleversements qui secouent encore aujourd’hui notre monde de l’après-guerre froide. Il est vain de croire que les pays membres de l’Union européenne peuvent aboutir facilement et rapidement à une véritable identité de vue et d’action : leur capacité d’organiser leur espace stratégique et de résoudre leurs problèmes internes est freinée par la complexité des actions à mener pour qu’ils parviennent à un consensus durable sur les grands problèmes qui leur sont posés : trois années d’impuissance en Bosnie en constituent la dramatique démonstration.
Pourtant la construction de l’Europe se poursuit, par à-coups, lentement ; trop lentement pour certains, sans réalité politique suffisante pour d’autres. D’ailleurs les nombreux commentaires critiques alourdissent incontestablement un climat de morosité, voire de pessimisme, entretenu volontiers par ceux que l’on nomme aujourd’hui les « eurosceptiques », lesquels semblent nier ou renier les progrès déjà acquis et qui, bien sûr, doutent de l’issue heureuse de l’entreprise. Il est indispensable de les convaincre, car l’Union ne pourra exister réellement contre la volonté des Européens.
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