Le général A.-M. Gruenther qui, entre autres missions remplies au cours de sa féconde carrière, et selon les termes mêmes d'une belle citation, en août 1945 « fit preuve d'une capacité exceptionnelle de coordination et de direction quand il eut à faire face aux innombrables problèmes qu'il rencontra dans les différentes missions accomplies par la Ve Armée en Afrique du Nord et en Italie », avant de devenir commandant adjoint des Forces américaines à Vienne, a donné toute sa mesure comme chef d'État-major du Grand Quartier Général Suprême des Puissances alliées en Europe. C'est la grande œuvre qu'il a créée aux côtés des généraux Eisenhower et Ridgway, qu'il a bien voulu esquisser pour nous.
Les grands problèmes stratégiques - Une expérience d'intégration interalliée : SHAPE
Lorsque le 7 janvier 1951 le général Eisenhower arriva à Paris, le Conseil de l’Atlantique Nord venait de lui confier, au cours de sa réunion du 20 décembre à Bruxelles, une mission unique dans l’histoire, puisque d’elle dépendait l’avenir de la civilisation : il devait établir à Paris un quartier général international dont le but principal était la sauvegarde de la paix. Jamais une telle tâche n’avait encore été confiée à un chef. Il devait aussi préparer les forces qui seraient mises à sa disposition pour faire face à une crise possible.
Il installa son État-major d’une douzaine d’officiers à l’Hôtel Astoria. Aujourd’hui le Quartier général des Puissances alliées en Europe comprend 418 officiers dont notamment 185 Américains, 92 Britanniques et 63 Français. Seuls, des 14 nations de l’OTAN, l’Islande qui n’a pas de force armée, et le Portugal, qui dépend d’un autre commandement — le Portugal est rattaché au commandement de l’Atlantique (SACLANT) de l’amiral McCormick — n’ont pas de représentants.
Au petit groupe qui composait alors son État-major, le général Eisenhower exposa la mission qui lui était confiée : il s’agissait de créer une atmosphère qui permettrait à des officiers de différentes nations de travailler ensemble avec le minimum de frictions. Il leur rapporta à cet égard les paroles qu’un officier général lui avait dites alors qu’il était jeune officier : la première caractéristique d’un bon officier d’état-major est d’avoir le sourire. Il simplifiait ainsi un problème complexe en demandant à ceux qui devaient travailler ensemble de devenir des amis.
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