Politique et stratégie
Je crois que la question de la CEI mérite d’être posée avec force à quelques jours des deuxièmes élections législatives de la Russie nouveau modèle. Ce terme est d’ailleurs impropre ; après le pléonasme des démocraties populaires, voici la Communauté des États indépendants ; or sont-ils indépendants dès lors qu’ils sont en communauté ? tels sont les pièges du langage. C’est l’exploit des communistes défunts d’avoir inventé ce terme qui reflète l’embarras des fondateurs, ne sachant pas comment concilier les aspirations à l’indépendance des uns et les aspirations à la communauté des autres. Cette structure provisoire fut très vite oubliée ; sa seule manifestation d’existence aura été les jeux Olympiques au cours desquels on a comptabilisé les médailles au sein de la CEI sans que cela ait de conclusion convaincante ni dans le domaine monétaire, ni dans celui des relations économiques, ni surtout dans celui des relations politiques. Le mot a effectivement un sens à Moscou, il en perd au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la Russie. Il n’a, de toute manière, aucune cohérence véritable malgré les sommets récurrents.
En réalité cette position intermédiaire est d’ores et déjà dépassée, car un État comme la Biélorussie veut tout simplement réintégrer la Fédération de Russie, ou du moins entretenir avec elle des rapports d’une étroitesse telle qu’il serait difficile de parler de son indépendance réelle. Bref, il y a des pays qui sont aujourd’hui fort rapprochés de la Russie, alors que d’autres demeurent éloignés. Pourtant, les élections qui se dérouleront dimanche verront une affirmation de la volonté russe de reprendre en main ce vaste espace qui fut autrefois le sien. Tous les candidats affichent leur intention de resserrer les liens avec ce que l’on appelle l’étranger proche à Moscou, les nationalistes allant même jusqu’à vouloir une restauration de l’empire. La période qui s’ouvre sera donc une période de grandes manœuvres dans cet espace communautaire.
Le couple russo-ukrainien
Après un temps centrifuge, le mouvement centripète a ainsi commencé. Certes il y a des points noirs : l’affaire tchétchène qui d’ailleurs ne concerne pas la CEI puisque ce pays était une république autonome de la Fédération de Russie ; le Kazakhstan, qui fut naguère un fidèle soutien de l’Union soviétique, a désormais pris goût à l’indépendance ainsi qu’à ses liens avec l’Asie. Cela dit, il me semble que les vrais problèmes de cohésion de la CEI reposent sur un couple fondamental en Russie comme symétriquement il repose en Europe de l’Ouest sur le couple franco-allemand : il s’agit du couple russo-ukrainien.
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