Le 22 janvier 1944, les Alliés exécutent le débarquement d’Anzio (opération Shingle) dans des conditions de surprise tactique exceptionnelles. Mais, faute d’avoir été exploité sur-le-champ, il se transforma rapidement en une épuisante bataille d’usure qui devait se prolonger pendant 131 jours, et au cours de laquelle les Alliés furent à deux doigts de se faire rejeter à la mer.
La guerre amphibie - Le débarquement d'Anzio
P. Favier
On lit dans les carnets de Rommel que c’est toujours une grave erreur de retarder l’exploitation d’un succès tactique car on s’expose alors à retrouver plus tard, plein d’une force nouvelle, l’adversaire dont on aurait pu, sur le coup, consommer l’anéantissement.
Il y a, dans l’histoire de la campagne d’Italie, un épisode auquel on peut appliquer cette phrase du maréchal allemand, c’est celui du débarquement d’Anzio exécuté par les Alliés le 22 janvier 1944 dans des conditions de surprise tactique exceptionnelles, et qui, faute d’avoir été exploité sur-le-champ, se transforma rapidement en une épuisante bataille d’usure qui devait se prolonger pendant 131 jours, et au cours de laquelle les Alliés furent à deux doigts de se faire rejeter à la mer.
L’idée du débarquement d’Anzio était née lorsque se manifestèrent les premières difficultés rencontrées par les Armées alliées devant les positions de résistance allemandes de la Winterstellung appuyées sur la montagne, le long des cours du Sangro et du Garigliano. La campagne d’Italie avait eu des débuts difficiles. Le débarquement de Salerne fut une rude affaire : A near disaster (1)…, a pu écrire le général Clark commandant la Ve Armée américaine. Une fois cette bataille gagnée, et la tête de pont consolidée, il devint évident que le sort de la campagne d’Italie était loin d’être réglé et que la lente remontée de la botte italienne, jusqu’à Rome d’abord, puis jusqu’à la frontière allemande, allait exiger des efforts insoupçonnés. Combien il était regrettable de n’avoir pu d’emblée débarquer au Nord de Rome, de façon à couper d’un seul coup toutes les forces allemandes d’Italie centrale et méridionale… Non que cette éventualité n’eût été envisagée. En s’emparant d’abord de la Sardaigne et de la Corse, on aurait peut-être pu disposer de bases aériennes suffisamment rapprochées pour assurer l’indispensable soutien d’une opération dirigée sur Livourne par exemple. Mais les experts qualifiés estimèrent qu’il était impossible d’opérer le débarquement au-delà des limites de rayon d’action de l’aviation de chasse basée sur les terrains de Sicile, et ce sont des raisons tactiques ou techniques qui limitèrent les possibilités de la stratégie alliée en Italie à l’automne 1943.
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