Voici une bonne synthèse de la situation israélo-palestinienne à la date du 1er mars 1997.
La colonisation juive dans les territoires occupés ou le règlement imposé
La politique de colonisation accélérée adoptée par le gouvernement Netanyahou et les longues et difficiles négociations qui ont précédé la signature de l’accord sur le retrait partiel de l’armée israélienne de la ville d’Hébron en janvier 1997 ont focalisé la lumière sur la question des colonies de peuplement juives dans les territoires occupés ; question délicate, car d’une importance capitale pour les deux parties : d’un côté les Juifs, toutes tendances confondues, qu’ils soient nationalistes, d’extrême droite ou ultra-religieux ; de l’autre, les Palestiniens, qu’ils soient pour ou contre les négociations avec l’État hébreu, indigènes de Cisjordanie et de Gaza ou réfugiés dans des camps, aspirant tous sans exception à voir la renaissance de la Palestine avec pour capitale Jérusalem-Est, Al-Qods en arabe. C’est dans ce contexte qu’il convient de se pencher sur ce phénomène, ses racines et ses fondements avant de mesurer son impact sur le processus en cours.
La raison d’être des colonies de peuplement
Le recours à cette pratique relève de la tendance sioniste à miser sur le temps pour créer des faits accomplis redoutables sur le terrain, garants de la réalisation de son audacieuse entreprise politico-religieuse et permettant au « peuple élu » de retrouver « la Terre promise ». En réalité, le facteur « durée » a été pris en compte dès les premières implantations en Palestine à la fin du XIXe siècle. Sachant que jamais ils n’arriveraient à faire accepter aux Arabes de cette région un projet qui revenait à les déposséder de leurs terres et de leur autonomie, les immigrants sionistes tablèrent d’emblée sur la dynamique du « fait accompli ». Il s’agissait, surtout, après l’avènement du Likoud au pouvoir en 1977, par une politique patiente mais systématique, d’instaurer peu à peu dans les territoires occupés un ordre politique nouveau et irréversible.
En juin 1968, le plan Allon était approuvé par le cabinet israélien, non comme un plan officiel de compromis territorial, ce qu’il était à l’origine, mais comme une stratégie de colonisation. Les colonies de peuplement y étaient envisagées comme le moyen de créer des emprises territoriales dans des zones où Israël devait rester pour sa propre sécurité, tout en évitant celles peuplées densément par les Arabes. Ainsi, l’État d’Israël pourrait réaliser sur le terrain son idée de frontières « sûres », sans attendre un accord peu probable des États arabes voisins. Selon cette conception, toutes les colonies de M. Allon étaient conformes à l’idéologie travailliste sioniste qui s’appuyait sur les collectivités agricoles.
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