Ayant assisté à un colloque à Téhéran en juillet dernier, l'auteure nous livre ses réflexions sur un volet de la politique étrangère iranienne.
L'Iran et l'Afrique
L’Iran est un pays qui n’a pas encore trouvé sa place dans le monde, alors que c’est son souhait le plus pressant. Il se proclame islamique, mais d’une école minoritaire considérée comme hérétique par les majoritaires ; il défend le Tiers Monde, mais il refuse d’y être classé ; ses industriels et ses commerçants aspirent à faire du pays un « dragon » proche-oriental, mais il est encore fermé au marché mondial ; il condamne l’Occident, mais il oriente ses paraboles vers lui ; il se dote des armes de la puissance, mais il fait peur à ses voisins ; le peuple élit démocratiquement un président, mais il est prisonnier du Conseil des gardiens de la révolution ; la très grande majorité rêve de consommation de masse, mais on fustige encore l’immoralité de la femme dévoilée ; enfin, Téhéran bruisse du travail incessant des hommes et des femmes comme une ruche asiatique et ce sont les querelles arabes qui mobilisent l’attention politique.
L’intérêt de Téhéran pour l’Afrique est très récent et vise trois objectifs : asseoir l’Iran dans le concert des grands, y contrer la propagande de l’Occident et faire du commerce. L’Afrique est malgré tout un continent secondaire pour les Iraniens par rapport au golfe Arabo-Persique, au Proche-Orient et à l’Asie centrale. Dans tous les cas, l’Afrique ne peut être incluse que dans une stratégie marginale en fonction d’autres « fronts ». C’est aussi le continent le plus facile d’accès puisque la fin de la guerre froide permet, enfin, à d’autres pays de s’y implanter. Cette perspective cohabite en permanence avec une autre vision plus économique et commerciale.
Un récent colloque à Téhéran (14-15 juillet 1997) essayait de faire le point sur les moyens de l’implantation iranienne dans ce continent et de concilier combat idéologique et logique commerciale, ce qui implique des partenaires très différents. Les alliés naturels musulmans sont, en effet, les plus pauvres et les pays les plus intéressants pour son industrie sont très sensibles à la mauvaise image de l’Iran.
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