Le colonel Vincent Desportes commande le 501-503e régiment de chars de combat, seule unité de l’Armée de terre actuellement équipée de chars Leclerc. Il estime que cet engin révolutionnaire ne sera parfaitement utilisé que si l’on prend conscience des nouvelles possibilités de la manœuvre tactique et nous fait part de ses réflexions dans ce domaine.
Le printemps de la manœuvre
À la « refondation » de l’armée de terre correspond la résurgence de la manœuvre. Ces deux évolutions majeures trouvent leurs racines dans les mêmes phénomènes : le bouleversement du paysage géopolitique essentiellement, et les capacités nouvelles des armes du troisième millénaire.
Combats et concepts tactiques
La constitution et l’engagement de forces armées n’impliquent pas l’existence de concepts tactiques élaborés ; l’histoire montre, au contraire, que la plupart des engagements militaires ont été le fruit du hasard et de la conjoncture, le courage et la bravoure individuels suppléant le plus souvent aux idées de manœuvre.
Il n’y a pas eu véritablement de mouvement continu d’élaboration d’un corps doctrinal de tactique militaire, avec un enrichissement progressif à partir des expériences tirées des divers conflits. Il y a eu plutôt des chefs et des époques portant parfois au plus haut l’art militaire — et la manœuvre se situait alors à l’origine des succès — et d’autres époques où manœuvre et concepts tactiques s’estompaient pour ne laisser dans les esprits et les manuels que des modalités d’action, jugées suffisantes pour guider le sort des batailles. De même que les autres formes de pensée humaine, la pensée tactique apparaît bien comme une construction sociale, évoluant au rythme des conjonctures, des mentalités et des technologies disponibles.
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