Dans notre livraison d’octobre 1997, les relations sino-indiennes et sino-pakistanaises avaient été traitées. Ici, c’est la politique chinoise à l’égard des nations du Sud-Est asiatique et l’ASEAN qui est abordée de façon chronologique en trois grandes étapes : la politique expansionniste et la création de l’Ansea (1949-1967), de l’isolement au rétablissement du dialogue (1967-1990), la résurgence d’une « menace chinoise » (1991-1997).
L'Ansea et la politique chinoise envers les pays d'Asie du Sud-Est
En août 1997, l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Ansea ; en Anglais Asean) célébrait son trentième anniversaire mais elle ne parvenait pas, comme elle l’avait pourtant souhaité dès sa création, à s’élargir à l’ensemble des pays de la partie continentale en raison de la nouvelle détérioration de la situation intérieure au Cambodge au début de juillet 1997. À défaut de contenter les pays d’Asie du Sud-Est, le délai finalement imposé au Cambodge pour intégrer à son tour l’Association pouvait au moins donner à Pékin des sources de satisfaction dans plusieurs domaines. D’une part, il empêchait la constitution de ce que Pékin pouvait considérer comme un « nouveau front antichinois » ; d’autre part, il allait donner à la politique chinoise l’occasion de se présenter sous un jour plus positif et de se placer aux côtés des pays de la zone comme cela avait été le cas par le passé.
Contexte stratégique et relations jusqu’en 1967
La situation régionale est particulièrement instable quand, le 8 août 1967, l’Ansea voit le jour. Aucun facteur ne semble devoir contribuer à une accalmie de la situation dans la zone Asie. Bien au contraire, l’orientation suivie par les autorités chinoises à partir de cette date conduit à une véritable rupture entre la république populaire de Chine et les pays d’Asie du Sud-Est.
L’Asie du Sud-Est et la proclamation de la RPC
La proclamation de la RPC le 1er octobre 1949 par Mao Zedong — alors que les combats contre les forces nationalistes ne sont pas encore achevés — aboutit donc à la constitution d’un régime communiste en Chine, mal accepté par de nombreux pays et en tout premier lieu par les États-Unis. Ces derniers constatent en effet que la politique chinoise qu’ils mènent sur place depuis des années n’a pas donné les résultats escomptés, puisque le camp communiste s’élargit tandis que le régime nationaliste est contraint de s’exiler à Taïwan. D’autres pays ont eux aussi beaucoup à redouter de la proclamation de la RPC, les « coloniaux » mais également ceux, nouvellement indépendants, qui craignent pour leur stabilité. La nature même du régime chinois et son opposition au régime soviétique voisin, qui devient plus radicale encore après la rupture entre les deux pays en 1960, ajoutent en effet aux risques de tensions régionales déjà importants en raison de contentieux hérités de l’histoire. Les divergences entre les régimes chinois et soviétique vont ainsi rapidement les conduire à se livrer une véritable compétition pour tenter de s’assurer la fidélité des pays d’Asie du Sud-Est.
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