L'Europe et l'Afrique
En ce début d’année, alors que crises et conflits semblent s’apaiser dans le reste du monde, le continent africain demeure le théâtre d’affrontements violents, multiples et qui n’ont en commun que la cruauté, la haine, la barbarie et l’abomination. Un tel enchaînement de situations aussi dramatiques qui heurte nos consciences ne paraît pas avoir à court terme d’issue satisfaisante, tant il est vrai qu’elles se perpétuent depuis des décennies et que les causes, les lieux et les circonstances en sont totalement indépendants et ne se prêtent pas à une analyse globale.
Pourtant, ces douloureux problèmes sont du ressort des nations occidentales en général, de celles de l’Union européenne en particulier, non seulement parce que la communauté internationale est moralement associée à cet état de dégradation et de délabrement des sociétés africaines, mais aussi parce que le « parrainage » des anciens colonisateurs que sont la plupart des pays européens : Grande-Bretagne, France, Allemagne, Belgique, Portugal, Espagne, Italie, et bien d’autres, impose une relation privilégiée entre ceux qui y ont apporté un début de civilisation et de culture européennes et ces contrées encore trop fragiles pour poursuivre seules leur développement politique et économique.
Faut-il ajouter qu’en matière de défense, la partie la plus méridionale de l’arc stratégique européen, c’est-à-dire cette zone qui s’étend jusqu’à 3 000 à 4 000 kilomètres de nos frontières, couvre la moitié du continent africain, continent dont cinq nations — et non des moindres dans les domaines politique et religieux — sont nos coriverains sur les côtes méridionales de la Méditerranée, tandis qu’une dizaine d’autres ont reconnu et accepté, par des accords particuliers, la participation de forces françaises dans leurs propres systèmes de défense, maintenant par là même une relation très étroite avec l’ancienne puissance coloniale. Cette relation privilégiée, dont personne ne conteste la pertinence, participe à la politique de défense de la France, participation réaffirmée dans le Livre blanc et qui demain pourrait certainement s’ouvrir à une politique de défense et de sécurité européenne, tant il est vrai que l’effort à consentir en hommes et en moyens dépassera dès cette année nos propres capacités.
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