La RDN présente à ses lecteurs, sur le grave sujet de la Communauté européenne de Défense, ce diptyque qui témoigne une fois de plus, de son objectivité et de son impartialité. Il est à peine besoin d’ajouter que, selon une formule rituelle, ces articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
La Communauté européenne de défense (CED) et l'armée européenne - L'armée européenne et le réarmement allemand
Le Pays commence à être éclairé sur les conséquences très graves que constituerait pour lui l’adoption par le Parlement français du Traité sur la Communauté Européenne de Défense : abandon inadmissible de souveraineté en ce qui concerne l’Union française, la France et son Armée ; dessaisissement du gouvernement et du Parlement dans des questions cruciales pour la vie du pays ; amorce de la séparation de la France avec l’Union française, séparation souhaitée par l’Allemagne, afin de pouvoir s’y implanter plus facilement ; hégémonie allemande en Europe assurée, tandis que la France reculerait au rang d’une puissance de second ordre et ne pourrait plus, pour la première fois dans son histoire, faire entendre directement sa voix dans les Conseils des grandes puissances où jusqu’ici elle était représentée à l’égal des U. S. A., de la Grande-Bretagne et de l’U. R. S. S., etc…
Il est inutile de dire combien toutes ces questions nous touchent profondément et combien il est normal que de semblables éventualités effraient justement la grande majorité des Français qui se sont penchés sur l’étude du traité et qui, malgré les conséquences encore sensibles de la défaite, de l’armistice et d’une occupation étrangère douloureuse, sont restés patriotes et toujours épris de liberté.
Malheureusement, il est à craindre que les arguments qui nous émeuvent particulièrement, nous Français, n’aient guère d’influence sur le réalisme américain ; dans le problème allemand et de l’armée européenne, les Américains n’ont d’autre but que de trouver une solution efficace à la défense de l’Europe, tout en retirant de ce continent le plus grand nombre possible de leurs « boys », là où nous ne sommes amenés à voir principalement que l’existence et la grandeur de notre Patrie. Il n’est donc pas absurde de croire que, si l’on arrivait à leur prouver que cette armée européenne, dont ils semblent tant attendre, n’atteint pas en réalité le but qu’ils poursuivent et qu’il existe d’autres solutions plus efficaces, ils seraient probablement prêts à adopter une de ces solutions, à condition toutefois qu’elle permette un réarmement rapide de l’Allemagne, réarmement qu’ils estiment à juste titre indispensable pour une défense efficace de l’Europe.
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