En octobre dernier, nous avions beaucoup apprécié l’étude de l'auteur sur la guerre révolutionnaire. Nous sommes heureux de publier à nouveau les excellentes réflexions de cet officier, actuellement stagiaire au CID, sur les mutations stratégiques et la nouvelle forme que connaît le mercenariat.
Mercenariat et mutations stratégiques
Le délai de huit jours accordé aux miliciens « cobras » pour piller Brazzaville après leur victoire d’octobre 1997 rappelle étrangement les trois jours réglementaires dont disposaient les grandes compagnies des XVIe et XVIIe siècles pour mener le sac des villes conquises, tel celui de Magdebourg en 1631. Au-delà de l’anecdote, cette similitude traduit surtout le retour à des phénomènes de violence qui sévissaient à notre époque prémoderne comme le brigandage, la piraterie et, surtout, le mercenariat.
Présent sur la scène de la guerre depuis l’Égypte ancienne, le mercenaire n’est certes pas une innovation, mais la vigueur de sa résurgence traduit l’effet des mutations actuelles sur le métier des armes. Conjuguant capacité d’organisation transnationale et prestation de services au profit d’États instables, les entrepreneurs de guerre d’aujourd’hui paraissent s’installer durablement dans notre paysage géostratégique. Leur dynamisme souligne cruellement l’atonie des mécanismes traditionnels de sécurité collective garantis par les grandes puissances. Au-delà, il renvoie celles-ci à la place qu’elles entendent donner au métier militaire dans un monde bouleversé.
Sous ses aspects multiples, le mercenariat doit être placé dans le processus actuel de privatisation de la violence. L’apparition de multinationales de guerre à dimension stratégique en est l’expression la plus radicale et mérite donc une analyse particulière pour mieux apprécier la portée et les limites de la dérégulation en cours.
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