Politique et diplomatie - Nord et Sud outre-Atlantique
Plus encore qu’ailleurs, l’opposition dialectique entre le Nord et le Sud marque la géopolitique du continent américain. Sur le territoire qui est actuellement celui des États-Unis, la conquête de la « nouvelle frontière », mythe fondateur de la nation, n’a été autre que le refoulement puis la dispersion et enfin l’abaissement des communautés indiennes qui refusaient l’assimilation à une culture venue d’Europe. L’affaire n’était pas terminée qu’éclata sur le même sol la plus grande guerre du siècle dernier, celle de Sécession, qui se solda par l’élimination de l’option méridionale dans les choix de la nation. Option sans doute désuète, fort différente de la conception qui s’était imposée dans les métropoles industrielles du Nord, mais qui reste source de nostalgie. Le sort des communautés noires, enjeu de cette lutte, demeure de nos jours une question majeure, surtout dans ceux des États du Sud qui peinent à suivre les autres.
Nonobstant les avatars du nouvel ensemble créé par des Européens, l’expansion se poursuivait hors des frontières. La moitié du Mexique ne tarda pas, morceau par morceau, à passer dans le giron de son puisant voisin. Celui-ci réussit donc, sans grand mal, à s’agrandir des territoires allant du Texas à la Californie, y compris ces deux « États phares » sans lesquels les États-Unis ne seraient pas tout à fait ce qu’ils sont devenus. Le reste de l’Amérique latine subit à son tour l’hégémonie, aussi bien à Panama que dans les îles des Caraïbes. C’est donc actuellement une idée reçue que de considérer l’emprise du Nord sur le Sud comme quasi totale et de prévoir qu’elle se perpétuera sans peine et sans contrepartie pendant les temps à venir. Est-ce aussi simple ?
Les nets avantages du Nord
Depuis la déclaration du président Monroe, on savait que sur tout le continent il n’y aurait pas place pour une forte présence étrangère à celui-ci. Ainsi libre carrière serait laissée aux Nord-Américains de s’imposer en l’absence de concurrents à leur mesure. Leurs partenaires, dans l’ensemble, n’ont jamais regretté cette protection, qui dans la pratique conduit à les laisser à l’écart des grandes crises. Celle des missiles de Cuba a été l’exception confirmant la règle en ce que, précisément, une grande puissance contestataire a vainement essayé d’y prendre pied militairement. Les protégés peuvent en conséquence réserver leurs forces à la sécurité intérieure, apportant de la sorte un avantage supplémentaire à un protecteur qui n’est pas fâché de voir régner l’ordre autour de lui. Encore faut-il relever que la solidarité continentale a ses limites, soulignées lors du conflit des Malouines, pendant lequel on l’a vu s’estomper au profit du cousinage anglo-saxon.
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