Ce texte est une excellente synthèse de nombreuses réflexions que nous avons publiées au fil des ans, et qui démontre une fois de plus que c’est aux Africains à régler leurs problèmes spécifiques. L'auteur présente les nouvelles caractéristiques des conflits et rappelle combien les forces interafricaines d'intervention pour le maintien de la paix sont une solution réaliste et séduisante pour la communauté internationale, voire même une chance pour l'Afrique.
Les forces interafricaines d'intervention pour le maintien de la paix
L’actualité de ces derniers mois montre avec une force toujours plus importante combien le chemin est encore long avant que l’Afrique atteigne une stabilité qui pourrait lui permettre de faire valoir enfin ses réelles capacités à sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouve depuis de trop nombreuses années. Même si les progrès économiques qui ont été réalisés sont autant de signes forts d’optimisme, les nombreux foyers de tension qui se multiplient portent gravement préjudice aux espoirs de développement sur le continent. Cela a conduit des États africains à engager des réflexions portant sur la mise en œuvre de mécanismes capables de prévenir et de gérer ces conflits. C’est ainsi que le sommet de l’OUA de 1993 qui s’est tenu au Caire s’est conclu par une déclaration portant sur la création au sein de l’Organisation d’un « mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits ».
Aujourd’hui, les obstacles à la constitution d’un tel mécanisme semblent s’amenuiser ; aussi, il peut paraître inutile, voire déplacé, de vouloir souligner l’importance que cette réalisation pourrait représenter pour l’avenir du continent et l’urgence de sa concrétisation. Pourtant, tel est le sujet de cette réflexion. Le panorama qu’offrent aujourd’hui certains pays d’Afrique doit en effet renforcer la certitude que la mise en place d’une force d’interposition prête à intervenir en permanence sur le continent est une urgence. Donner à ce système un caractère interafricain est une solution séduisante qui semble la mieux adaptée aujourd’hui, d’une part parce que la communauté internationale peut y trouver un grand intérêt, d’autre part parce que l’Afrique elle-même semble prête à assumer ce rôle.
Nouvelles caractéristiques des conflits
Il n’est pas question de dresser un inventaire complet des conflits qui agitent l’Afrique. On se contentera de rappeler une nouvelle fois que derrière le terme aseptisé de « conflit » auquel on associe volontiers un qualificatif tel que ethnique, religieux, local, régional, on découvre toujours, et toujours trop tard, un désastre humain inqualifiable. Celui-ci, porté à une échelle que ce continent peut lui donner, doit à lui seul justifier l’urgence de la mise en place d’un mécanisme ayant la capacité d’empêcher de telles horreurs, urgence renforcée par l’observation de deux nouvelles caractéristiques de ces conflits.
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