Un message de l'ancien ministre des Anciens combattants
Le secrétariat d’État aux Anciens Combattants totalise encore 3 500 000 ressortissants, dont beaucoup ont combattu. Ils constituent un capital de souvenirs, de dévouement et de disponibilité, dont le pays ne tient pas toujours assez compte.
Quand de beaux esprits tournent en dérision leurs cérémonies, leurs défilés, leurs banquets, ils commettent non seulement une mauvaise action, mais une erreur de jugement.
Ces « anciens » ne sont évidemment plus de première jeunesse. Ils traînent souvent quelques infirmités et manifestent une certaine faiblesse pour les décorations, les honneurs. Ils ont besoin de considération. Ils sont donc une proie facile pour l’ironie des prétentieux.
S’ils aiment se réunir, c’est parce que les épreuves endurées en commun ont créé entre eux des liens qui ne se relâchent pas, mais au contraire se resserrent avec le temps. Sous les drapeaux, beaucoup ont accepté des sacrifices et manifesté un courage dont ils ne se savaient pas capables. Les circonstances les ont poussés à se dépasser…, d’où le souvenir ému qu’ils conservent des années en uniforme.
* * *
Cette masse d’hommes d’expérience a bien des choses à raconter. Des témoignages multiples, variés, méritent d’être recueillis, car ils concernent la défense de la France.
À Nice, une association a entrepris de consigner par écrit les récits de poilus de 1914-1918, de combattants de 1939-1945, d’Indochine, d’Algérie, de déportés, de prisonniers de guerre : près de 200 recueils sont nés ainsi, véritables gardiens de la mémoire.
On peut y puiser des enseignements utilisables pour l’avenir, car même si l’histoire ne se refait pas, elle « hoquette ». Tel est le premier lien entre les anciens combattants et la défense.
* * *
Les jeunes générations doivent savoir exploiter l’expérience de leurs aînés, dont le message essentiel se résume en un mot : vigilance.
Les « anciens » ont le devoir, et le droit, d’expliquer que la paix est un bien fragile qui se gagne, qui se mérite et se défend. La liberté en dépend. Un pays, pour survivre, a la nécessité d’entretenir un « esprit de défense ». Il faut avoir vécu des moments difficiles pour comprendre la valeur de l’entraide, du désintéressement et de l’union.
Il en reste une sorte de culte de l’amitié. Telle est la seconde leçon du passé, autre lien avec la défense. On prétend que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié. Par leur comportement, les anciens combattants prouvent que l’amitié est ce qui reste quand on n’a rien oublié. ♦