Nous sommes heureux de publier les actes de notre journée d’étude de mars 1998, dont le thème était l’Afrique au sud du Sahara. Nous remercions vivement les hautes personnalités qui ont bien voulu présenter leur témoignage : M. Pierre Messmer, de l’Institut, ancien Premier ministre, qui présidait la séance du matin ; les ambassadeurs de France Guy Georgy et Bernard Dorin ; M. Henri Lopes, ancien Premier ministre de la république populaire du Congo ; le général Christian Quesnot ; M. Michel Roussin, ancien ministre, qui présidait la séance de l’après-midi ; M. Dominique de Combles de Nayves, conseiller diplomatique du ministre de la Défense ; le général Michel Rigot ; M. Pierre Castillon, directeur chez Elf ; M. Philippe Decraene, professeur émérite ; M. Jean-Claude Faure, directeur de cabinet du ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, qui a clos la journée d’étude.
Présentation
Toute stratégie doit tenir compte du terrain sur lequel elle s’exerce. C’est du terrain politique africain que je dirai quelques mots en ouvrant ce colloque : au crépuscule du XXe siècle, il a changé et il est contrasté.
Pendant quatre siècles, l’Afrique subsaharienne apparaît à l’Europe comme un bloc : l’Afrique des grands empires noirs sahéliens et des tribus montagnardes ou forestières, fermée aux étrangers, ravagée par la traite des esclaves jusqu’au début du XIXe siècle, entièrement colonisée par l’Europe (et, accessoirement, l’Amérique) de la fin du XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle, accédant à l’indépendance dans un même mouvement, entre la fin des années 1950 et le début des années 1990 du XXe siècle.
Depuis l’indépendance et dans les frontières héritées de la colonisation, chaque pays évolue en fonction de ses équilibres — ou déséquilibres — internes, combinés avec les influences extérieures. Des évolutions divergentes sont constatées et accentuées depuis le début des années 1990.
Certains pays sombrent dans l’anarchie : Somalie, Burundi, Sierra Leone, Liberia… et sont, plus ou moins, abandonnés à leur sort par les Européens et les Américains. D’autres s’organisent et se développent : Côte d’Ivoire, Ghana, Éthiopie, Ouganda et, premier de tous, Afrique du Sud. Sous l’influence de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ils sont l’objet d’une véritable recolonisation inavouée, mais effective dans le domaine de l’économie. D’autres enfin, et parmi les plus grands, Nigeria, république démocratique du Congo (ex-Zaïre), Angola, sont instables, mais leur poids démographique et leurs richesses naturelles retiennent l’intérêt des étrangers qui souhaitent y investir.
C’est à ce terrain politique varié, instable, difficile, que doivent s’adapter des stratégies longtemps immobiles. ♦