L’auteur revient sur le déroulement des opérations de l’Afrika Korps en Afrique du Nord de 1941 à 1942. Il se concentre sur son chef, Erwin Rommel dont des extraits de sa correspondance avec sa femme Lucie permettent de donner son état d’esprit au cours des différentes phases de la campagne. Excellent meneur d’hommes qu’il galvanise en étant toujours au plus prêt des combats, il s’illustre brillamment ce qui lui vaut le surnom de « Renard du Désert ». Ses qualités de stratège et tacticien sont mises à rude épreuve dans ces combats où le ravitaillement, le matériel et des renforts lui font cruellement défaut : les Anglais utilisant la base de Malte pour couler les convois à destination de la Tunisie ou de la Lybie.
Les papiers de Rommel - Rommel en Afrique du Nord
C’est avec une certaine répugnance que le Haut Commandement allemand étendit son action à la zone méditerranéenne. Tant que l’Italie demeurait étrangère à la guerre, n’était-il pas plus sage de s’abstenir de porter les hostilités en des pays aussi lointains ? Longtemps après que Mussolini eût déclaré la guerre aux Nations Occidentales, Hitler inclinait toujours à considérer que le théâtre de la Méditerranée était du ressort de l’Italie, et que l’Allemagne n’avait pas à y intervenir. Il fallut bientôt se rendre à l’évidence : les stratégies allemande et italienne ne pouvaient être dissociées. Enfin, il fallait prendre parti : ou bien l’allié serait libre de se laisser entraîner dans une situation causant la ruine des buts communs, ou bien une collaboration réelle à la lutte pour la domination en Méditerranée amènerait à faire pencher la balance en faveur des Italiens. Ce fut à contrecœur qu’Hitler consentit à cette dernière solution. La suite des événements montre d’une manière éclatante que les Allemands avaient une idée extrêmement flottante de l’importance stratégique de la Méditerranée, variant au gré de la situation. La défaite de Rommel aux portes de l’Égypte, la perte de l’Afrique du Nord en 1943, le débarquement allié en Italie et l’effondrement du régime dictatorial de Mussolini furent les conséquences d’une stratégie fondée sur des principes faux, et menée avec des moyens insuffisants.
Au printemps de 1941, c’est contre le gré d’Hitler que les Allemands furent entraînés dans des opérations en Yougoslavie et en Grèce, à la suite de l’échec de Mussolini dans les Balkans. La défaite de l’armée italienne du maréchal Graziani, forte de 350.000 hommes, taillée en pièces par celle du général Wavell qui n’en comptait que 31.000, et la perte de la Cyrénaïque à l’automne 1940 sont à l’origine de la création de l’Afrika Korps et de la légende de Rommel. Hitler prit la décision d’envoyer deux divisions en Afrique pour fournir aux Italiens, pauvrement équipés et ne disposant que de quelques unités mobiles, la puissance de choc qui leur manquait. D’abord, le Haut Commandement italien refusa l’aide militaire pour des raisons politiques. Ce ne fut qu’après avoir été refoulés en Tripolitaine, et avoir perdu 1.300 canons, 400 chars et 130.000 prisonniers que les Italiens acceptèrent la collaboration allemande. Au mois de février 1941, la 15e Panzer Division et la 5e division d’Infanterie motorisée débarquaient à Tripoli sous les ordres de Rommel. Le Xe Corps d’armée aérien allemand s’installa sur les aérodromes italiens de Sicile pour neutraliser la base aérienne anglaise de Malte, et appuyer les combats qui se livreraient sur le sol d’Afrique.
C’est avec un grand optimisme que Rommel se mit au travail, ainsi qu’en fait foi une lettre adressée à sa femme, Lucie.
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