L'auteur, spécialiste de l'Amérique latine, brosse un tableau sur la situation en Colombie, pays qui connaît des difficultés : catastrophes naturelles, conflits entre gouvernement et guérillas, trafic de drogue, grande misère de la moitié de la population.
Colombie : entre espoir et résignation
Le début de l’année 1999 semble symboliser à lui seul les nombreux contrastes caractérisant la Colombie, qui alterne l’espoir et une forme de résignation : en effet, le 7 janvier, le dialogue de paix entre le gouvernement du président Pastrana (1) et le mouvement de guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) (2) était officiellement ouvert dans la ville de San Vicente del Caguan. L’espoir de la grande majorité de la population de voir enfin leur pays connaître, à moyen terme, une paix durable, semblait se réaliser. Quelques semaines plus tard, un violent séisme frappait la région du café, détruisant une grande partie de la ville d’Armenia, semblant rappeler à chacun le poids d’une fatalité implacable. Les structures de l’État parvenant avec difficulté à assurer les secours, le président Pastrana, en personne, s’est installé à Armenia afin de coordonner l’aide d’urgence et éviter de donner l’image d’un État débordé par les difficultés.
Pourtant, ce pays possède de nombreux atouts : économiquement, il représente le troisième marché potentiel de l’Amérique du Sud, avec un produit national brut de 95 milliards de dollars. La Colombie a su diversifier ses productions : pétrole, émeraudes, café, fleurs, charbon. En 1997, la croissance était de l’ordre de 4 %. Politiquement, l’élection présidentielle de mai-juin 1998, qui a été marquée par le plus fort taux de participation, a donné au nouveau chef de l’État une grande légitimité pour mener à bien sa politique de changement, la recherche de la paix étant la pierre angulaire de son programme.
Cependant, les facteurs de fragilité persistent : des infrastructures de communication déficientes, freinant d’autant le développement des régions ; de fortes dépenses dans le domaine de la sécurité, l’État devant à la fois se garder des mouvements révolutionnaires, des groupes de paramilitaires et des trafiquants de drogue, grevant d’autant le budget de l’État ; un taux de chômage de l’ordre de 17 % de la population ; une inflation et un déficit budgétaire qui augmentent.
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