Religion et politique
La France est un État laïque. Depuis quand l’est-elle ? La référence est la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905). Cette loi est l’aboutissement d’un long processus qui a débuté, timidement, par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui interdit, pour la première fois, toute discrimination fondée sur la religion ; mais les révolutionnaires étaient très loin de l’idée de laïcité telle qu’elle prévaut en France depuis 1905. Selon René Rémond, ce n’est pas l’édit de Nantes qui fonde la laïcité française, et 1789 « n’est dans l’histoire de notre laïcité qu’une première strate, qu’un premier socle » (1). Pour Ernest Renan, la laïcité c’est la neutralité de l’État par rapport aux religions qui, pour leur part, doivent s’abstenir de lui dicter sa conduite.
Dans un ouvrage récent, la laïcité assimilée à la modernité et qualifiée de « sortie de la religion » est analysée comme « le passage dans un monde où les religions continuent d’exister, mais à l’intérieur d’une forme politique et d’un ordre collectif qu’elles ne déterminent plus » (2). Ou encore, « l’ordre politique n’est pas déterminé d’avance par la religion. Pas davantage cet ordre politique n’est soumis à des fins religieuses. Il y a une séparation juridique de l’Église et de l’État, du moins séparation de principe du politique et du religieux et exigence de neutralité religieuse de l’État » (3).
La laïcité « à la française » est l’une des composantes de l’« exception française ». Elle est le produit de l’histoire de la France, des rapports de forces, du compromis permettant de réguler des conflits séculaires. Elle n’est pas exportable, pas même en Europe où les États et les peuples vivent le rapport religion-politique en fonction de leur propre histoire.
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