Ancien diplomate et spécialiste de l'Afrique, l'auteur a noté que le président de la République a souhaité une réunion de tous les chefs d'État et de gouvernement des pays riverains de la Méditerranée. À cette occasion, il nous fait part de ses réflexions sur ce « berceau de civilisations » et propose quelques idées dont devrait débattre cette conférence afin de porter ses fruits.
À propos d'une politique méditerranéenne
Le 26 août dernier, recevant à l’Élysée nos 160 ambassadeurs, le président Chirac a souligné la nécessité « …d’exprimer sur la scène internationale une vision globale de l’évolution du monde ». Développant cette conception qui implique la prise en compte de grands ensembles, il a annoncé que la France proposerait d’ici un an « …le premier sommet de tous les chefs d’État et de gouvernement de la Méditerranée ». Afin d’expliciter son initiative, le chef de l’État a parlé « …d’occasions exceptionnelles là où elles existent », et mis l’accent sur l’exemplarité de nos relations avec le Maghreb, ainsi que sur nos bons rapports avec les États du Machrek et d’Asie Mineure.
Il peut être procédé à un examen de ce qui motive l’optimisme de ce jugement. Aussi, avant de rechercher les sujets susceptibles d’être proposés et débattus au cours d’une telle réunion, convient-il de jeter un regard rétrospectif sur l’histoire de cet espace méditerranéen, car c’est en fonction de son évolution et des traits dominants qui le caractérisent aujourd’hui qu’il sera possible de dénombrer affinités, complémentarités, antagonismes, voire incompatibilités. Ces constats devraient orienter le choix des problèmes à examiner. Autrement dit : il importe de dépasser les relations jugées satisfaisantes pour cerner les dossiers difficiles, généralement éludés, et voir comment les aborder en vue de favoriser une concertation animée par la volonté réciproque d’aboutir. Ici, il s’agit d’évaluer le capital de confiance mutuelle nécessaire aux débats envisagés, en tenant compte des ambitions et objectifs plus ou moins avoués des participants. Une clarification de ces tendances peut être tirée d’un bilan incluant les différents pays concernés, dont le comportement actuel associe ou récuse les traces d’une histoire partagée.
En somme, cette recherche aboutit à inventorier le contenu socioculturel et le poids politique actuels du qualificatif « méditerranéen », tiré du nom de cette mer qui baigne les rivages de quatorze pays appartenant à trois continents.
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