L'auteur, journaliste indépendant, ne s'était pas exprimé sur le différend israélo-arabe, dans notre revue, depuis novembre 1996. Spécialiste des questions du Proche-Orient, il revient, dans l'article ci-dessous, sur un point d'histoire correspondant à la fondation de l'État d'Israël.
L'exode des Arabes palestiniens (1947-1948)
Le problème des réfugiés arabes est l’un des sujets des négociations pour un « statut définitif » et sans doute la composante la plus complexe du contentieux israélo-arabe. Dans quelles circonstances ce problème est-il né ? Élucider ce point d’histoire permet d’établir des responsabilités politiques et devrait inspirer aux négociateurs des solutions plus justes et plus équilibrées.
Les étapes d’une « simplification miraculeuse »
La fuite des Palestiniens est née de l’opposition armée des pays de la Ligue arabe à la décision de l’Onu du 29 novembre 1947 de partager la Palestine en un État arabe et un État juif.
La première étape de l’exode, de novembre 1947 à avril 1948, ne produisit que peu de réfugiés. Une conférence des Premiers ministres arabes avait décidé d’armer les Palestiniens, et une « Armée de libération », composée de volontaires des pays limitrophes, commença à s’infiltrer en Palestine. Grossissant les milices locales, elle multipliait les attentats, bloquant les principales voies de communication des Juifs, les obligeant à circuler en convois, leur infligeant de lourdes pertes et isolant nombre de leurs villages. En dépit de cette victoire dans la « bataille des routes », des notables et des bourgeois aisés commencèrent à se replier à l’étranger, car « ils pouvaient s’offrir le luxe de contempler l’orage de loin », selon un témoin. Ils avaient fait de même dix ans plus tôt, pendant les troubles de 1936-1939, quand une commission d’enquête britannique avait, avant l’Onu, préconisé le partage du pays.
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