C'est un grand retentissement qu'avait connu l'article du général de Bressy de Guast sur « la guerre zéro mort », publié dans numéro d'avril 1999. Notre auteur poursuit ses réflexions stratégiques par le texte ci-dessous qui aborde ce sujet épineux qu'est une défense autonome de l'Europe. Il fait en particulier des propositions intéressantes concernant une « dissuasion nucléaire européenne ».
Défense ou intervention : le paradoxe européen
L’année 2000, nous dit-on, verra — enfin — la mise sur pied d’une défense européenne. Après la déclaration franco-britannique de Saint-Malo, le conseil franco-allemand de Paris et les sommets européens de Cologne et d’Helsinki, tout semble avoir été dit : l’Union européenne aura « une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser et étant prête à le faire » (1).
S’agit-il de défense ?
Toutefois, est-ce bien de défense qu’il s’agit là ? Étymologiquement, se défendre consiste à repousser une agression ou à « se protéger contre une attaque en se battant » (2).
Qui dit défense dit menace d’agression directe. Or, ce n’est plus le cas. En outre, l’un des signataires de la déclaration de Saint-Malo, M. Tony Blair, déclare par ailleurs qu’« il ne s’agit pas de créer une armée européenne sous commandement unique. Il n’est pas question de remplacer ou de concurrencer l’Otan de quelque façon que ce soit. Nous sommes tous d’accord là-dessus… » (3).
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