Cet article ne traite pas de la liberté des mers, qui reste une constante à travers les âges, mais des entraves futures à celle-ci : en effet les progrès techniques prodigieux auxquels nous assistons vont bouleverser les politiques et les stratégies des nations qui fréquentent-ou qui fréquenteront- les espaces océaniques. L'auteur de ce texte est alors jeune officier de marine spécialisé dans tout ce qui concerne la « lutte sous la mer ».
Science et défense - Révolution technologique : les nouveaux défis à la liberté des mers
La Convention de Montego Bay a établi les bases juridiques de la liberté des mers. Elle a réaffirmé la liberté de navigation sur l’eau et sous l’eau, et de survol en haute mer et dans les zones économiques exclusives (ZEE), ainsi que le droit au transit sans entraves dans la plupart des détroits internationaux. Ce besoin de liberté est d’abord essentiel pour les échanges internationaux, puisque 80 % des marchandises échangées dans le monde, dont une large part du pétrole, transitent par voie maritime. La liberté des approvisionnements par la mer est un enjeu pour de nombreuses nations.
Les marines de guerre profitent quant à elles de cette liberté pour y mener leurs activités. La mer offre aux forces maritimes l’avantage stratégique de pouvoir se déployer, se placer, exercer une pression, ou faire peser une menace sur un adversaire à terre, depuis les eaux internationales. Cet espace de liberté permet de s’affranchir des frontières et des autorisations de nations « hôtes » et offre une parfaite réversibilité. Les puissances maritimes sont ainsi très attachées à préserver cette liberté. À l’époque de la guerre froide, peu de marines avaient la capacité de mener le combat en haute mer, deux grands blocs opposés se disputant la maîtrise des océans. Depuis une décennie, l’action maritime s’est rapprochée des côtes, dans la zone littorale où l’environnement est plus complexe et les risques sont plus sournois. En outre, les évolutions technologiques présentes et futures font peser des menaces toujours plus fortes sur les forces maritimes, comme sur la navigation commerciale. Des nations plus nombreuses, des organisations transnationales, ont déjà ou auront bientôt les moyens de perturber la libre utilisation de l’espace maritime.
À l’échéance de vingt ou trente ans, quels seront donc les nouveaux défis à la liberté des mers, qui apparaîtront dans le sillage de la révolution technologique ? Quelles seront aussi les parades à y opposer ? Enfin, jusqu’où pourrons-nous aller ?
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