Naguère encore, ingénieur, professeur et chercheur en sciences exactes, l'auteur pris quelque recul par rapport aux concepts scientifiques. Désormais, à la retraite, ancien auditeur de l'IHEDN, du CHEAM et du CEDS, ses réflexions portent d'avantage sur des dossier d'actualité, l'amenant à évoquer les grands débats et problèmes de société qui sous-entendent notre « modernité ».
Libre opinion - Identité et souveraineté
« L’accord, au moins parmi les sociologues et les historiens, tend à se faire de désigner par le mot identité les phénomènes de l’âme, par souveraineté les faits politiques ou économiques. En même temps, la souveraineté s’oppose à l’identité comme les sociétés rationnelles vieillies aux sociétés organiques jeunes, comme la science à la religion, la technique à l’esprit ». Raymond Aron
Dans le Larousse du début du siècle figurait un mot désormais en désuétude : acribologie. Comme beaucoup, j’en ignorais le sens, j’en appris donc par cœur la définition, non point dans le but de briller en société mais, bien plus, parce que par les temps présents, les termes sont de plus utilisés à tort et à travers lorsqu’ils ne sont pas pervertis quant à leur sens premier. Or donc, quelle est la définition du substantif acribologie ? C’est justement la précision dans l’emploi des termes. Il est bien vrai que les galimatias et autres confusions de sens font, plus souvent qu’à leur tour, office d’érudition, de savoir ou de connaissance, si ce n’est de culture. Ainsi en est-il des termes identité et souveraineté. Ils sont, pour d’aucuns, synonymes et, par là, interchangeables. Ils seraient pour leurs locuteurs et, plus grave encore, pour ceux qui les écrivent et dont ils émaillent leurs textes, des mots qui ont une signification très voisine et, à la limite, le même sens. Qu’en est-il effectivement ?
D’abord, que nous apprend le dictionnaire ? L’identité est un ensemble de traits culturels propres à une entité sociale qui lui confèrent son individualité et sa quiddité, sinon son unité ; c’est le « sentiment d’appartenance » d’un individu à cet ensemble. La souveraineté est le caractère d’un pays ou d’un organisme qui n’est soumis à aucun autre ; la souveraineté nationale est, quant à nous, un principe du droit public français, selon lequel celle jadis exercée par le roi l’est, aujourd’hui, par l’ensemble des citoyens. Dès l’abord et en première lecture — en première opération mentale consistant à mieux déterminer le contenu d’un concept —, on voit nettement apparaître en filigrane les notions associées de nation et d’État, et respectivement appariées aux termes identité et souveraineté.
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