Politique et diplomatie - Avant la négociation internationale sur l'Asie
Le 6 mars s’est ouvert à l’Assemblée nationale un important débat sur les affaires d’Indochine. L’occasion en fut donnée par un discours de M. Nehru. Le premier ministre de l’Inde, qui avait sans succès proposé en novembre sa médiation après l’interview accordée par Ho Chi Minh à un journal suédois, avait à nouveau déclaré, le 22 février, devant le parlement de New-Delhi : « il serait déplorable que des hommes continuent de se battre alors qu’on prépare une sérieuse tentative pour discuter ce problème. Je ne désire pas intervenir, mais je suggère à toutes les parties intéressées qu’il serait désirable d’obtenir un cessez-le-feu sans qu’aucune des parties abandonne ses positions ». Cette initiative, dont on précisa aussitôt à New-Delhi qu’elle avait été faite sans que les parties intéressées dans le conflit d’Indochine aient été ni consultées ni avisées, suscita à Paris un vif intérêt : les circonstances avaient fait qu’en cette fin de février 1954, le règlement de la question d’Indochine était devenu la préoccupation majeure de la diplomatie française.
En effet, la conférence des Quatre qui s’est tenue à Berlin du 25 janvier au 18 février n’a donné aucune solution, pas même l’espoir d’une solution, aux problèmes qui figuraient à son ordre du jour. L’Allemagne, au terme des entretiens berlinois paraît devoir demeurer pendant une longue période ce qu’elle était avant la rencontre des Quatre : un pays divisé en deux tronçons inconciliables ; et les quatre grands alliés d’hier semblent également devoir rester aujourd’hui fondamentalement divisés dans leur controverse sur l’Allemagne. La situation en Europe est assez stabilisée pour que s’établisse un état de fait dont il est possible d’espérer qu’il ne sera pas modifié par la force.
S’ils n’ont pas permis d’avancer vers le règlement des problèmes de l’Europe, les entretiens de Berlin ont par contre entr’ouvert la voie d’une négociation sur les problèmes asiatiques qui ne figuraient pas à l’ordre du jour : Corée et Indochine. Le communiqué publié au terme de la conférence a fait état de l’accord réalisé sur ce point par les quatre ministres des Affaires étrangères. Ceux-ci ont proposé qu’une conférence des représentants des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Union soviétique, de la République populaire de Chine, de la République de Corée, de la République démocratique populaire de Corée et des autres pays dont les forces armées ont pris part aux hostilités en Corée, se tienne à Genève, le 26 avril en vue de participer à un règlement pacifique de la question de Corée. En outre, les Quatre ont convenu que le problème du rétablissement de la paix en Indochine serait également examiné à cette conférence par des représentants des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Union soviétique, de la République populaire de Chine et des autres États intéressés. Ainsi, deux séries de réunions se tiendront parallèlement à Genève, sur la Corée et sur l’Indochine. Les États représentés aux réunions sur l’Indochine ne seront pas tous ceux qui prendront part aux réunions sur la Corée. Toutefois la présence à toutes les réunions tant sur la Corée que sur l’Indochine des cinq grandes puissances : États-Unis, France, Grande-Bretagne, U. R. S. S. et Chine, est faite pour permettre une négociation générale sur l’ensemble des problèmes asiatiques.
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