Organisation des Hauts Commandements au cours du deuxième conflit mondial
Principes éternels et féconds, écrivait en 1915 le maréchal Lyautey : la suite, la stabilité, l’unité de Commandement. L’unité ! il en sera souvent question au cours de cet exposé. En étudiant l’organisation des Hauts Commandements, nous avons le sentiment que l’unité a représenté pour ceux-ci le principe souverain, le souverain Bien, qu’ils ont souhaité posséder pour obtenir la victoire. Mais, de même que la connaissance parfaite du péché ne suffit pas à éviter la faute, la vision nette du principe directeur générateur de succès n’a pas été toujours suffisante pour que les Hommes aient cédé le pas à la raison. Cette question n’est pas neuve ; dès la fin du premier conflit mondial, il était apparu que la Guerre engageait toutes les forces d’une nation. « Un pays se bat — écrivait l’amiral Castex — avec toutes ses forces, avec son épée, avec sa bourse, avec son esprit, son âme, son adresse et sa ruse. Et tous ces éléments sont unis dans une collaboration critique et grandiose par les soins des dirigeants en fonction. »
Ce jugement souligne l’ampleur du rôle du gouvernement qui doit assurer la conduite de la guerre, celle-ci se situant dans un plan supérieur à celui de la direction des opérations.
Mais à cette ampleur que les belligérants ont entrevue, quelle forme gouvernementale, quelle organisation appropriée du commandement fallait-il adapter aux règles supérieures d’une stratégie qui, plus que jamais, faisait participer à la lutte, le Politique, l’Économique et le Militaire, sans que ce dernier puisse désormais endosser seul les responsabilités ? « La question était toute résolue autrefois, nous dit encore l’amiral Castex, quand les nations étaient placées dans la main de monarques à peu près absolus, assistés d’un petit nombre de ministres, qu’ils choisissaient à leur gré. Cette forme de tête directrice, très concentrée, très ramassée, convenait très bien à la guerre. C’était une excellente combinaison pour gouverner et agir en période d’hostilités. »
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