Tour d'horizon stratégique
Depuis longtemps, le monde aussi prompt à s’alarmer qu’à se rassurer, allant d’un calme momentané à une panique nouvelle, n’était pas passé par une crise aussi redoutable que celle qu’il traverse aujourd’hui. Les Balkans asiatiques s’enflamment, la question allemande rebondit. On se plaît à comparer la situation actuelle à celle de 1939 et les méthodes staliniennes aux procédés hitlériens. L’image favorite d’Hitler qui prétendait, selon le fameux mot de Cavour, grignoter l’Europe à la façon d’un artichaut, aurait-elle ainsi frappé les imaginations soviétiques ?
Encore une fois, en moins de quarante ans, on est amené à supputer les chances de guerre. Chacun est convaincu que les démocraties ne déclencheront le conflit que contraintes par les excès d’un expansionnisme slave qui ne connaît comme bornes que la force. Et chacun de se demander si le Soviet suprême, qui admet la guerre comme ultime moyen pour imposer au monde ses théories idéologiques, considère qu’il se trouve aujourd’hui dans les meilleures conditions pour commencer le « dernier conflit », l’un des plus impitoyables et des plus funestes de l’histoire. Nous vivons des heures favorables à cette tentation. Vue de Moscou, comment se présente la situation ?
Le point de vue militaire
Du point de vue militaire, elle doit apparaître assez favorable aux dirigeants soviétiques. Pour eux, il ne s’agit pas encore d’écraser les États-Unis sur leur propre territoire. Ce serait l’objet d’un deuxième temps. Il leur faut d’abord chasser les Américains des trois continents qui, avec leurs nombreux points communs, constituent la masse de terre la plus importante, la plus peuplée et la plus riche du globe, et au centre de laquelle, telle une araignée, l’U. R. S. S. se trouve si favorablement placée. C’est par une guerre avant tout aéro-terrestre qu’elle atteindrait les côtes de la Mer du Nord et de l’Atlantique, les confins du Sahara, les rives de l’Océan Indien et du Pacifique.
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