Bases et possibilités stratégiques de l'Union française
Dans son message d’adieu à l’Armée américaine, le général Eisenhower s’étend longuement sur la guerre atomique, signalant notamment « qu’une série de coups portés avec la vitesse de l’éclair pourraient mettre fin à une guerre très peu de temps après le déclenchement des hostilités ». Mais il estime, très peu vraisemblable que la bombe atomique, à elle seule, puisse assurer le gain d’une guerre. Il ajoute que de puissantes forces terrestres demeureront indispensables pour la défense.
Faisant suite à ce testament de l’ancien Commandant en Chef pendant la dernière guerre, des avis, solidement étayés, ont été donnés sur cette question brûlante par de hautes autorités militaires, tant en Amérique qu’en Europe occidentale ou orientale. Tous se gardent bien de conclure à l’inutilité des forces terrestres ou maritimes dans une guerre future. D’autre part, les milieux scientifiques, par leurs voix les plus autorisées, nous ont donné suffisamment de détails sur les progrès de la science atomique, sur ce que sera la physionomie générale d’une guerre atomique. Ces mêmes milieux ne nous cachent pas les progrès que réalisent et réaliseront encore les engins autopropulsés. Il suffit d’un peu d’imagination pour se faire une idée suffisamment juste de cet « enfer moderne » au milieu duquel devront évoluer les formations terrestres, maritimes et aériennes. Si nous admettons que l’ensemble des théâtres d’opérations pourront être infectés, il faudra bien qu’il existe, dans certaines zones, des régions organisées pour mettre les combattants à même de résister et d’échapper à la destruction.
Peut-être assisterons-nous dans le conflit futur à des destructions si massives que certaines parties du globe terrestre ressembleront à un immense désert au milieu duquel émergeront quelques « oasis de vie », précisément les zones que nous aurons préparées pour jouer ce rôle. Et finalement, est-ce que la victoire ne restera pas entre les mains de celui des adversaires qui aura su organiser les meilleures bases, lui permettant de conserver les plus forts effectifs et lui donnant le pouvoir d’asséner les coups décisifs à son antagoniste. Dans un autre ordre d’idées, le combattant de la guerre atomique devra opérer dans des conditions vraiment épouvantables. L’Enfer de Verdun en 1916 risque bien d’être petite chose à côté de ce que connaîtront nos héros du prochain conflit. Or, à Verdun, la nécessité s’est imposée d’une façon inéluctable, de procéder à des relèves, de mettre les divisions dans des conditions telles que tous les acteurs de cette affreuse tuerie puissent oublier pendant quelque temps les visions infernales qui les hantaient journellement. Nos combattants modernes, comme leurs Aînés de 1916, auront besoin de repos et ce besoin se fera sentir avec une acuité encore plus vive.
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