Correspondance - Des chars ou des avions ?
Nous recevons d’un de nos lecteurs, au sujet de l’article « Des Chars ou des Avions ? », paru dans notre numéro de juillet 1950, une lettre dont nous extrayons les passages suivants :
Les articles présentés dans la Revue sont étayés par des arguments solides et, si l’on n’est pas obligé de partager entièrement les idées de leurs auteurs, notamment en ce qui concerne les vues d’avenir, il faut se garder de les condamner sans rémission alors que seuls les événements sont susceptibles de confirmer ou d’infirmer leur point de vue.
Il est un grand débat, en particulier, qui a déjà donné lieu à de nombreuses polémiques et nous a valu des articles fort intéressants émanant de personnalités qualifiées. Il s’agit de la prépondérance à accorder à l’Arme de l’avenir « Armée de terre ? Armée de l’air ».
La plupart des articles écrits par des officiers de l’Armée de terre, de la Marine et parfois de l’air, portaient incontestablement la marque de la logique, car, en définitive, ils ne jetaient l’exclusive sur personne et s’efforçaient de conclure que le succès ne peut s’acquérir que par une harmonieuse organisation et une étroite coopération de toutes les forces vives de la Nation.
On ne peut reconnaître à l’article « Des Chars ou des Avions ? », qui vient de paraître dans le numéro de juillet, le mérite de la nouveauté, pas plus que celui du bon sens.
Certes, la Rédaction a pris la sage précaution de préciser que cet article n’est qu’une thèse versée au grand débat institué dans la Revue sur le meilleur emploi des Forces armées et qu’il n’engage que la responsabilité de son auteur. Encore faudrait-il que l’auteur ne fût pas anonyme.
Cet auteur a-t-il seulement songé dans sa catégorique vision d’avenir : « Solution hardie à laquelle la France doit en venir, si elle ne veut pas revoir mai-juin 1940… en deux semaines » – aux forces terrestres, qui seraient déjà nécessaires à la protection de ses terrains d’aviation, de ses dépôts, contre les actions de l’ennemi d’au-delà nos frontières comme de l’intérieur. Sans doute songe-t-il, pour échapper à cette nécessité inéluctable à installer ses terrains sur le « porte-avions naturel ancré au large de l’Europe » ?
A-t-il seulement songé aux conditions météorologiques auxquelles l’aviation n’échappe pas et qui risqueraient de la laisser clouée sur ses terrains tandis que les forces terrestres de l’envahisseur n’auraient plus qu’à effectuer une simple promenade militaire ?
L’auteur ne tient aucun compte du facteur géographique pas plus que du facteur politique, propres à la France et dont on ne peut et on ne doit absolument pas faire abstraction si l’on ne veut pas se cantonner dans des élucubrations stériles. ♦