Stratégie et armes nouvelles
À l’apparition de toute arme nouvelle on est certain d’avoir immédiatement l’audience du grand public en proclamant qu’elle est destinée à bouleverser la stratégie et, par suite, la politique internationale ; alors que les experts, qui prétendent mettre en garde contre de tels emballements, au nom d’expériences passées, sont immanquablement accusés d’une irrémédiable propension à préparer la dernière guerre.
C’est la querelle classique entre les « jeunes écoles » de tous les temps, c’est-à-dire, selon M. Rougeron, « ces révolutionnaires qui ont cru successivement que les armes nouvelles se substitueraient aux anciennes au lieu de seulement les compléter », et les évolutionnistes pondérés qui, arguant des précédents connus, se méfient des extrapolations techniques excessives, exclusives ou prématurées, tout en cherchant à se faire une idée aussi exacte que possible sur l’utilisation optimum des nouveaux engins, au bénéfice de la stratégie générale.
Avant de pousser plus loin il convient de se mettre d’accord sur les termes du problème. Lorsque les uns disent : « telle arme bouleverse la stratégie… le passé est sans intérêt… l’histoire ne se renouvelle pas… aucune guerre ne ressemble aux précédentes…. etc… » et que d’autres soutiennent : « l’histoire est un perpétuel recommencement… les principes de la guerre sont éternels, etc… » il nous semble qu’ils ont tous raison, mais qu’ils ne parlent pas des mêmes choses, quoiqu’ils emploient les mêmes expressions.
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