Il ne fait doute dans aucun esprit que la période de paix cinquantenaire vécue en Europe depuis la fin du second conflit mondial est très largement imputable au jeu subtil de la dissuasion nucléaire. Pour autant les éléments constitutifs de cette catégorie d'affrontement de volontés n'ont pas cessé de se modifier et continuent de le faire. Sans omettre les évolutions observées ailleurs dans le monde, l'adaptation en France et en Europe de cette matrice protectrice aux risques actuels et futurs est l'objet de cette réflexion. Notre groupe s'est avant tout efforcé de rendre homogène et approfondie – autant que la protection du secret le permettait – sa connaissance du sujet. Ayant analysé les modifications survenues en la matière, nous avons ensuite étudié quelques pistes d'évolution possibles.
La dissuasion nucléaire contre les menaces multiformes
La démocratie, fondée sur le respect et l’application du droit, promeut consubstantiellement le règlement pacifique des crises, et ne peut donc concevoir l’emploi de la force qu’en cas d’agression à son égard ou d’intervention mandatée par la communauté internationale pour le règlement d’un conflit.
Disposer des moyens d’action suffisants et adaptés — qui peuvent être militaires, mais également économiques ou diplomatiques, globalement d’influence — pour dissuader l’adversaire potentiel d’agir à son encontre est, par conséquent, pour une démocratie une voie privilégiée pour assurer à la fois sa survie et sa cohérence intellectuelle et morale.
Donner à ses adversaires potentiels la certitude qu’elle usera de ces moyens, en affichant sa détermination et la crédibilité technique et humaine des dispositifs qu’elle a choisis, est en corollaire la seule garantie dont jouit une démocratie de pouvoir préserver sa liberté d’action.
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